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Procrastination : 5 façons de ne plus se mentir à soi-même

Êtes-vous un procrastinateur accompli ? En plusieurs années de travail avec les personnes que je coache pour combattre leur tendance à la procrastination, j’ai trouvé cinq « mensonges » bien ancrés en chacun, que nous nous racontons pour mieux accepter notre tendance à tout remettre à plus tard. Est-ce le cas pour vous ?

Cet article est la première traduction française d’un post de Celestine Chua par Réussir Mes Études. Article original : “I’ll do this tomorrow.” 5 Procrastination Lies We Tell Ourselves, Debunked

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Mensonge n°1 : « Je le ferai plus tard » (Variante : « Je n’ai pas le temps. »)

Combien d’entre nous parviennent à s’en convaincre ? « Je le ferai plus tard » est le commentaire n°1 qui nous vient à l’esprit quand on parle de nos objectifs et de nos rêves les plus difficiles à réaliser. Et puis « plus tard » arrive, et on oublie ces objectifs. En un clin d’oeil, voilà qu’une année entière s’est écoulée et qu’on n’a absolument pas avancé. C’est ce que j’ai réalisé en 2007, après un an de travail. En 2006, je savais déjà que ma passion était le développement personnel, et que je voulais en faire ma carrière dans le futur. Mais comme j’avais un emploi du temps chargé au travail, je me disais « Je le ferai plus tard ».
Un an plus tard, à Noël 2007, je faisais partie des quelques personnes qui travaillaient pendant les vacances. J’ai pris le temps de réfléchir à mes objectifs et à ma vie actuelle, et les résultats n’étaient pas brillants. J’avais travaillé jusqu’à ne plus en pouvoir cette année-là, travaillant tard le soir et le week-end, et n’avais rien fait qui se rapportait à ma passion, parce que toute mon énergie était passée dans mon travail. Déçue, j’ai commencé à penser au futur, imaginant comment se passeraient les choses si je ne changeais rien à ma façon de faire. Le résultat ? Une vie proche de celle que je menais actuellement, dans laquelle j’aurais beaucoup avancé professionnellement mais n’aurais absolument pas progressé dans ce qui me passionnait.
J’étais horrifiée. C’était si loin de ma vie idéale ! Je voulais réaliser mon rêve et faire une différence dans la vie quotidienne des gens, pas enchaîner les promotions dans un travail que je n’aimais pas.
Et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’à moins de prendre volontairement le temps de faire ce genre de choses « importantes mais pas urgentes », il ne se passerait rien. En retardant une action d’un jour, je retardais mes rêves/objectifs d’un jour aussi.
J’ai donc commencé à travailler sérieusement sur ma passion, jour après jour. En juillet 2008, j’ai envoyé ma lettre de démission. Le 30 septembre de la même année, je quittais l’entreprise. Deux mois plus tard, en décembre, j’ai fondé Personal Excellence.
Beaucoup d’entre vous pensent probablement que « je le ferai demain/plus tard » est un commentaire tout à fait juste et raisonnable, surtout quand vous êtes occupé. Cependant, la vérité est que quand vous avez retardé la mise à exécution d’une tâche une fois, vous continuerez à la déplacer, à moins de faire des changements drastiques dans votre façon de penser, vos habitudes et votre environnement. Pour que les choses changent, vous devez provoquer ce changement.
Vérité n°1 : « plus tard » = « jamais ». Au lieu de retarder vos objectifs, pensez à comment vous pouvez y travailler DÈS MAINTENANT. C’est ainsi que vous les atteindrez, pas en attendant que les choses se passent.

Mensonge n°2 : « Mieux vaut le faire au dernier moment »

Certaines personnes ont l’impression que faire les choses au dernier moment crée une urgence et une pression qui les pousse à mieux faire. Ils font donc tout au dernier moment, croyant que cela les aidera à être plus efficaces.

Le problème, c’est que la procrastination crée de nombreux coûts cachés :

  1. Procrastiner fait perdre un temps précieux, qui aurait pu être utilisé à faire autre chose de productif.
  2. Votre procrastination vous pousse à une anxiété inutile. Même si vous avez décidé de repousser la tâche à plus tard, vous y pensez encore de temps en temps, alors qu’en l’effectuant dès le départ, vous seriez tranquille et débarrassé.
  3. En ayant peu de temps pour faire ce travail, le résultat final est souvent inférieur à celui qui vous auriez pu atteindre, puisque vous n’avez pas eu la possibilité de l’améliorer avec du recul.

Par exemple, j’ai souvent laisser traîner les choses jusqu’au dernier moment seulement pour me retrouver à ramer pendant les derniers jours, voire les dernières heures, pour respecter le délai fixé. Non seulement j’étais affreusement stressée (et grignotais de façon incontrôlable pendant ce temps), je rendais de plus un travail qui valait 70% ou 80% de ce que j’aurais pu faire avec plus de temps. Comme je faisais tout au dernier moment, je devais m’adapter au temps qu’il me restait. Par exemple, il m’est arrivé d’étudier au dernier moment et conséquemment d’avoir des mauvaises notes, ou de préparer mes présentations à la dernière minute, ce qui me permettait de faire une très bonne présentation, mais bien loin de l’excellence que j’aurais pu atteindre en la préparant plus tôt.

La leçon que j’ai tirée de ces moments était qu’attendre la dernière minute, c’est nul : être en avance paie beaucoup plus. Après ceci, je suis devenue studieuse, révisant d’un cours à l’autre plutôt qu’avant les partiels, ce qui m’a permis de majorer ma formation. Dans le domaine des conférences et de la formation, je prévois maintenant mes interventions bien plus tôt et me donne largement le temps de les préparer, ce qui me permet de m’adapter à un quelconque imprévu pendant la présentation. Non seulement mon avance m’a permis de me sentir bien mieux, mais je peux également rendre un travail de meilleure qualité.

Il y a cependant bien une exception à la règle : les tâches superflues. Il vaut en effet mieux laisser ces choses peu importantes au dernier moment, afin de limiter le temps passé dessus et d’éviter un perfectionnisme qui serait tellement plus utile sur d’autres projets. Si vous n’avez pas le temps de finir, ce ne sera pas grave, puisque la mission n’avait aucune importance. Le temps et les efforts que vous dédiez à une tâche devraient être directement proportionnels à son importance, et si c’est une tâche peu importante, eh bien, inutile d’y passer trop de temps. J’appelle ça la « procrastination réfléchie ».

Vérité n°2 : Faire les choses au dernier moment engendre un grand nombre de coûts invisibles. Si un objectif ou une tâche est important pour vous, il vaut bien mieux le faire trop tôt que trop tard. Arrêtez donc de perdre votre temps, et faites immédiatement de vos objectifs et de vos rêves une priorité.

Mensonge n°3 : « Commencer une semaine plus tard ne changera rien »

Retarder une tâche d’une journée ne fait pas beaucoup de différence sur le long-terme. Le problème, ce n’est pas cette journée – c’est le nombre de « une journée » qui sont déjà passés et que vous allez continuez à faire défiler, sans aucun doute beaucoup trop élevé. Quand on dit « je retarderai ma tâche d’un jour », ça nous semble négligeable – et ça pourrait l’être. Le problème, c’est que le cumul des journées perdues a rapidement un impact énorme.

Jetez donc un oeil au graphique ci-dessous, qui montre la différence entre faire « ce petit extra » chaque jour et ne pas le faire :

Graph: Insignificant difference when taking action today
x = toute petite différence de progression pour une courte durée

C’est assez négligeable, n’est-ce pas ? Pas étonnant que beaucoup d’entre nous décident de travailler le lendemain, parce qu’un délai d’un jour ne change rien. Le problème, c’est la différence quand cette action supplémentaire se répète :

Graph: Significant difference from taking a little action over time
x = toute petite différence de progression pour une courte durée / y = grosse différence sur une longue durée
Soudain, il devient évident que toutes ces petites actions jouent un gros rôle dans ce qu’on demande ou que les objectifs qu’on atteint sur le long terme. Qu’avez-vous retardé ? Avez-vous déjà pris le temps de penser à ce que vous auriez déjà accompli si vous aviez agi dès le premier jour où vous avez remis quelque chose au lendemain ? Et plutôt que de continuer à retarder l’action, pourquoi ne pas vous lancer dès aujourd’hui ?
Vérité n°3 : À chaque fois que vous retardez votre travail pour atteindre un objectif, vous retardez le jour où vous atteindrez cet objectif. Un retard d’une semaine peut sembler ridicule aujourd’hui, mais il jouera un rôle vital sur le long terme.

Mensonge n°4 : « Je suis un procrastinateur »

J’entends souvent ceci sortir de la bouche de certains amis, qui affirment que la procrastination fait partie de leur nature et qu’on ne peut rien faire pour la combattre. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de cesser de procrastiner. La mauvaise, c’est que tant que vous pensez que vous êtes naturellement porté à la procrastination, c’est complètement impossible.
J’étais à une époque moi-même une procrastinatrice de premier ordre. Je me laissais déconcentrer en cours parce que je n’aimais pas étudier. Je faisais mes devoirs au dernier moment. Je révisais aussi au dernier moment, lisant parfois les chapitres du livre pour la première fois la veille du partiel. Je détestais les cours et j’ai failli laisser tomber mes études. Le sommet a été atteint quand des membres de ma famille sont venus jusque chez moi pour me sortir du lit et m’envoyer en cours alors que je refusais d’y aller.
Cependant, au cours du temps, les choses ont changé. Non pas que j’aie eu une vision ou qu’un ange soit venu me délivrer un message divin ; j’ai simplement réalisé que j’étais en train de gâcher ma vie, et qu’il fallait que je devienne responsable de moi, de ma vie et de mon éducation. Si je détestais étudier et que je ne voulais plus aller en cours, alors que je me désinscrive officiellement, en personne responsable. Alors oui, abandonner aurait de lourdes conséquences et mènerait à un jugement négatif de ma famille, de mes amis et de la société en général, mais personne ne me forçait à proprement parler à étudier : personne ne m’avait mis un pistolet sur la tempe en me disant d’étudier ou de mourir. J’avais le choix. Et j’ai choisi d’étudier et d’arrêter de procrastiner. Ce fut un véritable tournant de ma vie.
Tout comme l’impatience, le manque de tact, la timidité, le pessimisme peuvent être « soignés », la procrastination peut aussi être éradiquée. Quelque chose que je répète toujours est que nous naissons tous positifs, intelligents et créatifs. La seule raison pour laquelle nous pourrions devenir pessimistes, pleins de doute ou sans motivation, c’est parce que nous perdons notre bon sens à cause des contraintes des situations dans lesquelles nous sommes, ou parce que nous avons adopté des schémas de réflexion qui ne nous conviennent pas et empêchent notre « moi » de s’exprimer. La solution pour empêcher cela est de travailler sur ces causes : après cela, tout le monde – et je dis bien tout le monde – peut naturellement devenir motivé et prêt à agir, sans devoir s’y forcer.
Vérité n°4 : La procrastination peut être combattue et éradiquée comme le manque de tact, la timidité ou le pessimisme. Il s’agit de trouver les raisons de la procrastination, et de les combattre.

Mensonge n°5 : « Il me faut X heures de temps libre pour faire ceci »

Beaucoup d’entre nous retardent des tâches, surtout si elles demandent beaucoup de travail, parce que nous avons l’impression qu’il nous faudra X heures de temps libre avant de pouvoir le faire. C’est bien en théorie – en pratique, ça arrive rarement.

Dans mon dernier livre, Les 10 habitudes des personnes ultra-productives, j’ai écrit que pendant la deuxième année du blog, j’ai écrit plus de 40 articles invités, en plus de 68 articles publiés sur mon propre blog. Ceci signifie que j’ai rédigé un total de 108 posts en un an, soit plus de deux par semaine ! Étant donné que je coachais plusieurs clients, que je donnais des conférences, que je gérais mon entreprise et m’occupais moi-même du marketing, c’était un grand nombre d’articles à rédiger régulièrement.

J’ai réussi à faire ceci non pas en attendant d’avoir du temps libre, mais plutôt en mettant chaque minute libre que j’avais à profit. Quand j’attendais le bus ou dans le métro, je lançais l’éditeur de texte de mon smartphone pour écrire un nouvel article. Un post de bonne qualité prenant quelques heures à écrire, je n’avais jamais pour objectif de finir un article en une seule fois, mais plutôt d’écrire le plus possible. Je continuerais à travailler pendant ma poche de temps suivante. C’est à force d’utiliser ces petites périodes de cinq à dix minutes, et sans attendre que du temps libre n’apparaisse par magie, que j’ai pu autant rédiger chaque semaine.

Vérité n°5 : En attendant d’avoir du temps libre avant de commencer à travailler, vous ne ferez jamais quoi que ce soit. Créez donc du temps pour ce qui importe vraiment, et mettez les petites durées sans travail à profit pour beaucoup plus d’efficacité.

Merci encore à Celestine de nous avoir donné l’autorisation de traduire ses articles sur Réussir Mes Études !

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

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