Si vous n’avez pas suivi mes aventures l’année dernière, j’ai malheureusement raté l’oral de l’EMLyon. Un petit 8, coefficient 9, rendant l’admission impossible. J’avais demandé le feedback de l’entretien : malgré un « projet professionnel intéressant », mon caractère ne collait pas avec ce qu’ils recherchaient. En effet, qui voudrait d’un manager n’ayant pas confiance en lui ? Bref, je me suis donné un an pour changer tout ça et comme je ne vais pas écrire deux fois la même chose, je vous invite à lire cet article pour savoir ce qu’il s’est passé entre temps. En attendant, place aux différentes épreuves de l’EMLyon.
L’admissibilité
Le TAGE-MAGE
Ah, mon ami le TAGE-MAGE. C’est assez paradoxal puisque je ne trouve pas ça terriblement chiant à bosser (une sous partie prend 20 minutes au final) mais monstrueusement frustrant quand on lit la correction. Mention spécial aux questions de la partie raisonnement et argumentation du livre de Franck Attelan. J’ai vraiment l’impression que ses questions sur Dieu permettent de justifier tout et n’importe quoi comme réponse. Ça doit être pour ça que le bouquin s’appelle la « Bible du TAGE-MAGE ».
Vu que c’était la deuxième fois que je le préparais, je visais au moins 350, voire le 500 pour pouvoir ensuite écrire un livre et concurrencer notre cher Franky. Avec le recul, je me rends compte que le préparer deux fois avec un an d’intervalle est… inutile. Comme pour la première préparation, j’étais motivé pour apprendre la table des cubes jusqu’à 20, toutes les formules de géométrie, toutes les règles de français. Et comme pour la première préparation, je n’ai rien fait de tout ça. Je pense que si la première fois, vous n’avez rien fait de tout ça, ne comptez pas en faire beaucoup plus la seconde fois. Tant pis, j’irai au talent.
Le jour J arrive. Un peu stressé vu que ça reste un exercice de rapidité. Autant il n’est pas rédhibitoire de paniquer/pleurer/se faire dessus pendant une dissertation de 4 heures, autant sur une épreuve de 20 minutes, chaque seconde perdues nous éloignent de l’admissibilité *musique stressante*. L’épreuve de compréhension de texte se passe très bien, ce qui me met dans de bonnes conditions pour la suite des événements. Et là arrive la partie calcul. Un carnage. J’ai du répondre à 4 ou 5 questions maximum. Le reste s’est toutefois super bien passé. A la fin de l’épreuve, je me disais que le 400 était jouable.
Le score tombe. 327. Oui, exactement comme l’année dernière. Alors comment suis-je passer d’un objectif de 400 à un score réel de 327 ? Mystère. Les questions devaient sûrement être plus vicieuses que je ne le pensais. Quels conseil aurais-je à donner pour avoir un meilleur score ? Là non plus, je n’ai pas d’idée (« mais pourquoi il écrit un article alors ? »). Si vous l’avez déjà bosser sérieusement une première fois, je doute que vous puissiez faire beaucoup mieux. Je pense qu’on a tous un score maximal, dans le sens où même en travaillant comme un acharné, il faut un certain talent pour viser un score supérieur à 400. Si sans entrainement vous tapez un score autour de 250, vous pouvez espérer du 350 maximum (grosso modo, rien de scientifique), mais ne visez pas 450. Quant à ceux qui pensent que certaines sessions sont plus faciles que d’autres … là aussi c’est le mystère le plus complet. La FNEGE ne divulgue aucune statistiques, il est donc impossible de savoir si certaines sessions sont effectivement plus compliquées. Prenez celle qui vous arrange au niveau du planning des révisions et vous verrez bien.
La dissertation
Avec un 13 l’année dernière, je visais ni plus moins que le … 13. Voici mon calcul, à lire rapidement avec la voix de Julie Lepers :
– Sachant que j’étais admissible avec 327 au TAGE-MAGE et que j’ai eu la même note cette année,
– Qu’avec un 13 en dissertation, j’étais admissible,
– que j’ai eu 15 à mon dossier l’année dernier et que cette année, il est pris en compte, coefficient 6
– quelle note dois-je avoir pour assurer une admissibilité ?
Oui, la bonne réponse est 13 ! Vous ne gagnez pas de dictionnaire Larousse si vous avez répondu juste.
Un sujet sur l’économie positive. Mon dieu, que ça ne m’inspirait pas. Taxer les vilaines banques, respecter l’environnement et éradiquer la pauvreté, ça coûte rien et les politiques et PDG passent pour des gens biens. Lecture rapide du dossier qui était déjà assez court à la base. Aucune idée de plan ne me vient. Du moins rien de bien vu que je les trouvais à chaque fois bancals. Et là, miracle, je trouve un plan qui me convient et assez original, histoire de taper une note au dessus de 15. Content de moi, je rédige tout et rends ma copie au bout de 4h.
Deux semaines plus tard, je me rends compte que mon plan ne répondait pas vraiment à l’énoncé. Panique à bord mais je ne pouvais plus rien faire à part attendre le résultat. La note confirme mon impression. Un petit 10. Avec le recul, et c’est le conseil que je vous donnerai, ne tentez pas de plans originaux si vous ne maîtrisez pas vraiment bien la note de synthèse. J’ai eu l’année dernière 13 en faisant un plan bateau mais propre et qui répondait au sujet. Je sais que vous vous dites « mais ils ne prennent qu’un 1/3 des candidats pour la première phase, il faut à tout prix se démarquer ». Je n’ai pas la science infuse mais je pense qu’on se démarque mieux en écrivant bien (autant sur le fond que la forme) et en répondant de manière simple mais claire au sujet qu’en tentant une approche originale mais qui répond à moitié à la question. Bref, si c’était à refaire, je n’aurai pris aucun risque.
L’admission
Le dossier a été pris en compte cette année. Malheureusement, il n’y a pas grand chose à dire dessus si ce n’est : tapez les meilleures notes possibles à vos examens et peaufinez l’extra scolaire. A part ça …
L’oral d’anglais
4ème fois que je retourne à l’EMLyon, je commence à être un habitué des locaux. Je commence par l’oral d’anglais. Sujet sur le gaz de schiste, au top. Ça me tient à cœur comme sujet et j’avais une folle envie de résumer le texte vite fait bien fait pour ensuite passer à ma vision de l’exploitation des gaz de schiste en France une fois que je serai président. Echange vraiment sympa, je donne tout et j’évite de faire des fautes. Je passe un bon moment (sérieusement) et je ressors pleinement satisfait. Résultat : 12. Wait, what ? Moins que l’année dernier ? Alors que j’avais fait un début médiocre et que j’étais absolument pas à l’aise ? Sick.
Quel conclusion tirer de tout ça ? Aucune idée. Franchement. Vous ne pourrez pas augmenter fortement votre niveau d’anglais de toute façon. Tout est déjà joué bien avant l’oral. Allez y serein.
L’entretien
Fin de l’anglais, j’attends sagement mon tour pour l’oral tant redouté. Un homme arrive. Jeune, en jean et Converse. Un élève ? Non, un prof. Et un prof bien sympa. C’est peut-être l’entretien le plus tordu que j’ai eu mais j’ai vraiment passé un bon moment. Sur la forme déjà, puisque les deux personnes en face de moi étaient souriantes et sympathiques. Et sur le fond surtout puisque j’ai eu des questions inattendues qui m’ont obligé à réfléchir rapidement. En vrac : quel conseil donneriez vous à François Hollande si vous étiez son conseiller en comm’, que pensez-vous de la phrase « un con qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis ? », quel animal seriez vous ? etc…
Comme je l’ai dit, je ne m’y attendais pas, aucune question ne correspondait à ce que j’avais préparé et pourtant, j’ai passé un bon moment. Tout simplement parce j’ai dit ce que je pensais et que le jury était réactif, ce qui rendait l’échange vraiment dynamique. Je sors de la salle content de moi et sans regret. Tant pis s’ils ne me prennent pas, j’ai été moi-même.
Les résultats tombent : 16 à l’oral. Pari réussi, j’ai doublé ma note en un an. Plusieurs conseils à ce sujet :
- si vous venez à rater l’oral, demandez le feedback , à partir de là vous adopterez la stratégie optimale
- si c’est votre projet pro’ qui coince, c’est que dans la grande majorité des cas, vous ne le maîtrisez pas assez. Non, dire que vous voulez faire du M&A/Private Equity/Conseil parce que c’est « stimulant intellectuellement » et que les tâches confiées sont » challenging » sans savoir vraiment ce qu’on y fait réellement, n’est pas une réponse suffisante. Contactez des gens sur Linkedin pour connaître leur quotidien, quels sont les débouchés etc.
- si c’est votre caractère qui coince, mauvaise nouvelle pour vous, c’est le plus dur à changer. Rien n’est perdu, vous avez plein de possibilités : théâtre, voyages, rencontres etc.
3 réponses sur « EMLyon AST 2014 – Témoignage »
Bonjour,
Est-il possible que certains parcours d’études ne permettent catégoriquement pas d’intégrer certaines écoles telle que l’EM Lyon ? Les études ferment-elles réellement des portes dans les admissions sur titre ?
Merci
Certains parcours sont bloqués, en particulier les bachelors d’écoles de commerce s’ils ne sont pas certifiés par l’Etat.
« Si sans entrainement vous tapez un score autour de 250, vous pouvez espérer du 350 maximum (grosso modo, rien de scientifique), mais ne visez pas 450. »
Pas d’accord du tout sur ce point, pour moi les marges de progression varient énormément selon les étudiants.
Démarrant de 245 j’ai eu 390, un pote à moi qui a commencé à 220 a eu 490, un autre qui a commencé autour des 300 a fini à 323. Donc pour moi impossible de « prédir » un résultat final à partir du résultats initial.
Par contre je plussoie tout le reste.