Petit résumé des épisodes précédents. J’avais tenté en 2013 les concours AST de l’ESSEC et de l’EMLyon. J’avais franchi l’admissibilité mais je me suis lamentablement raté aux oraux. Déjà diplômé de M2, j’avais deux possibilités : faire une croix sur les écoles, mon projet pro, la gloire, l’argent et les femmes, ou retenter l’année prochaine en meublant les 9 mois qui séparent la fin de mon stage de fin d’études et les oraux en 2014.
Paris, l’Asie et la manutention
Comme les seules choses qui m’importent dans la vie sont la gloire, l’argent et les femmes, j’ai décidé de retenter les concours de l’ESSEC et de l’EMLyon. La question était donc : que faire pendant les mois prochains ? J’ai décidé de diviser mon année sabbatique (forcée) en deux. Je trouverais un stage directement après le dernier et je partirai ensuite quelques mois dans un pays asiatique, au centre de mon projet pro.
C’est là que les problèmes ont commencé à venir. Sur tous les CV envoyés au cours de l’été… un seul entretien. Le poste était quand même bien sympa. J’étais vraiment content, c’était au dessus de ce que je pouvais espérer. L’entretien s’est bien déroulé, bon feeling avec les responsables et vu mon background littéraire, je n’ai pas trop mal réussi leurs tests numériques. Le hic ? Les RH m’appellent pour savoir si j’avais bien fini ma scolarité. Dommage, ils ne veulent pas de gens ayant déjà fait de stage de fin d’étude. Pour me remonter le moral, la femme au téléphone me dit que j’ai fait bonne impression. Chouette.
Fin août, une semaine avant la fin de mon stage, toujours rien à l’horizon. Et là, le miracle arriva. Grâce à des connaissances à l’intérieur de l’entreprise où je faisais ce stage, j’ai pu apprendre qu’un poste – intéressant – était disponible. Mieux, j’ai pu avoir l’entretien le jour même. Et encore mieux, j’étais pris et je pouvais commencer dès que mon stage était fini ! Les dieux du stage sont de mon côté !
L’histoire aurait été moins drôle si tout était si simple. Les RH me disent que je finis mon stage fin septembre, et non début septembre (je n’arrive toujours pas à expliquer ce problème de concordance de dates). Deuxième souci, ma fac ne me conventionnera pas pour 6 mois mais pour 4 mois maximum. Enfer et damnation, je n’aurai donc jamais de stage. Après plusieurs coup de fil à mon futur tuteur, à ma fac et aux RH, j’ai pu négocier le stage jusqu’à décembre. Parfait, ça me permettra d’aller en Asie de janvier à juin. Du moins c’est ce que je pensais.
Je me rends compte que tous les programmes de cours dans les facs qui m’intéressait commençait en février, voire mars. Tant pis, j’irais faire de la manutention en janvier histoire de gagner un peu de sous et être le roi du pétrole là-bas en Asie. L’épreuve écrite pour l’EMLyon étant en avril, j’aurais assez pour retourner et continuer mon séjour jusqu’aux oraux, début juin. C’était sans compter mon caractère dépensier.
I’m all in
De retour en France pour l’épreuve écrite de l’EMLyon, il ne me reste plus grand-chose sur mon compte. La faute aux bars/boites/tourisme/cadeaux/MacDo/prostit.. je m’égare. Bref, même si mes parents me payaient le billet d’avion, je n’aurai pas de quoi vivre là bas. Je n’ai donc pas pu y retourner. C’est à ce moment là que je me suis retrouvé dans une situation délicate.
Pour éviter de végéter chez mes parents, j’ai travaillé en tant que manutentionnaire tout en postulant à des CDI, CDD et VIE, histoire d’avoir un back-up si j’échouais aux concours. Aucun entretien. Même Lidl m’a recalé pour un poste de caissier (véridique). Panique à bord. Avec mon profil et si je ratais les écoles, je pouvais faire une croix sur mon projet pro’ vu que je n’avais aucun entretien. Deuxième chose, je n’ai pas fait de « vrai » travail depuis janvier. En plus de devoir trouver un autre métier, je vais devoir justifier les mois de manutention après un bac+5. Bref, j’ai fait tapis en misant tout mon avenir sur les écoles. Ça passe ou ça casse. Et si ça casse, je n’avais pas de plan B cette fois-ci.
Les premiers résultats, ceux des mastères spécialisés, arrivent. Vu que j’étais admissible l’année dernière à l’EMLyon et à l’ESSEC, censés être plus sélectifs, j’étais sûr d’avoir un entretien au mastère spé en finance de l’ESCP. Grosse désillusion. Directement recalé. Même pas un entretien. Rien. Cela ne me donnait absolument pas confiance pour la suite. Je me voyais déjà finir manutentionnaire. J’aurai ensuite passé mon CACES pour devenir cariste. Puis avec les années je serai devenu chef d’équipe, pis j’aurai conduit mon petit camion. Un beau, avec des posters de femmes, comme dans les films. En fin de carrière je deviendrais peut-être chef du hangar. Le rêve américain.
Les résultats de l’ESSEC et de l’EMLyon tombent. Miracle. Admissible à l’ESSEC et à l’EMLyon. Adieu le camion, les posters de femmes et les journées avec des palettes ! Je vais leur montrer que j’ai ma place chez eux. Direction Cergy pour l’oral de l’ESSEC.
ESSEC : J’me voyais déjà en haut de l’affiche
Cette fois, c’est la bonne. Un an s’est écoulé depuis le dernier oral à l’ESSEC. J’ai pris du recul sur mes prestations et travaillé mes points faibles. J’arrive serein. Je récupère mon heure de passage. Mon oral a lieu peu après 15h, ce qui me laisse le temps de stresser un peu mais pas de quoi finir complètement fou. Un étudiant de l’école nous montre les locaux pour passer le temps : bar, salle de danse, salle de muscu’, grand campus… Vraiment sympa.
L’heure fatidique arrive, je reste toujours serein. On nous emmène devant nos salles respectives. Quelle chance, en plus d’être en costume sous 30 degrés, on était face à une baie vitrée. Une belle grande baie vitrée qui chauffe bien l’endroit, histoire de rendre l’attente encore plus agréable. Une personne sort de la pièce et m’invite à rentrer. A l’attaque !
L’oral de l’EMLyon, qui avait eu lieu deux jours plus tôt, m’a plutôt mis en confiance. Je me présente donc en tâchant de rester dynamique. Fin de ma petite présentation de 2 minutes. Pas de problème de rythme ou d’erreur, j’étais content de moi. Je m’attendais à des applaudissements façon sitcom, une foule en délire et des demandes d’autographes. Mais non, rien de tout ça. A la place, un silence. Un long silence. Les gens se regardent, façon « mais qu’est ce qu’on va lui demander ? ». Un des membres de jury regardait pas la fenêtre de temps en temps, se demandant sûrement ce qu’il allait faire ce week-end. Je remarque directement qu’ils étaient là pour me tester. J’essaie de garder mon dynamisme et prend ça comme un jeu. Les questions s’enchaînent tranquillement. Elles sont principalement tournées vers mon pays de prédilection, ses problèmes sociaux, son avenir, ses entreprises, l’environnement etc. J’étais chaud bouillant, j’avais préparé pendant 1 semaine toutes les questions possibles là dessus et avec le recul, je n’aurai pas changé mes réponses. Un des membres du jury me taquine sur ma personnalité. Travailleur, rigoureux … à ses yeux, j’étais pas un mec très drôle. Là aussi, c’était probablement pour voir ma réaction. Je prend ça bien et cite deux trois activités qui sont à l’opposé de ce qu’ils auraient pu penser de moi. Il acquiesce et on change de sujet. Petit débat avec l’étudiant. Je lui dis que d’après ce que j’ai lu et entendu, un bon programme Grande Ecole dans une école de commerce comme l’ESSEC est le mieux pour mon projet professionnel. Il objecte en me répondant qu’il y avait de très bon master à dans certaines facs et que j’aurai très bien pu en faire un au lieu d’une business school en 3 ans. Échange courtois mais je ne m’écrase pas. Les 45 minutes passent vite et c’est déjà la fin de l’entretien. Je salue mon jury et je quitte les locaux de l’ESSEC, content de ma prestation.
2 semaines après, les résultats arrivent. Enfin admis ! Un an de galère, de faux plans et de travail ont enfin payé ! Mais si je vous raconte tout ça, ce n’est pas pour m’entraîner à écrire ma future autobiographie en 3 tomes. Non, c’est pour vous donner des conseils.
Conseils
Plusieurs me viennent viennent à l’esprit :
« Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation. » Sun Tzu
L’année dernière, j’avais demandé à l’EMLyon les raisons de ma non-admission. Un « projet professionnel intéressant » mais un caractère qui ne correspondait pas à ce qu’ils cherchaient. A partir de là, j’ai pris sur moi et je me suis donné un an pour me sortir les doigts du cul par tous les moyens : stages, voyages, rencontres etc. Vous êtes recalé par manque d’expérience à l’international ? Bloquez-vous un mois ou deux pour partir. Vous êtes timide ? Prenez votre courage à deux mains et inscrivez vous à un cours de théâtre. On n’a rien sans rien et le plus dur et de commencer. Souvenez-vous, les écoles veulent des gens qui se bougent.
« La rigueur vient toujours à bout de l’obstacle. » Léonard de Vinci
Rigueur et constance seront vos meilleurs amis. Ça ne sert à rien de s’inscrire à un cours de théâtre si c’est pour y aller une fois tous les 5 semaines parce que « j’avais des examens », « j’avais mal à la gorge » ou « il pleuvait dehors ». Ne perdez pas votre objectif de vue et travailler constamment. Organisez vous bien et ne vous trouvez pas d’excuses. Bill Gates n’est pas devenu ce qu’il est en travaillant sur Microsoft une fois par mois.
« Il faut de chaque malheur tirer une leçon et rebondir après les chutes. » Flaubert
Sachez quand il faut continuer et quand il faut arrêter. Dans mon cas, j’ai eu la « chance » de pouvoir avoir un stage et de faire un voyage qui correspond à mon projet pro’. De plus, j’avais également eu l’admissibilité en 2013, ce qui me laissait penser que seul mon caractère bloquait. Il n’était donc pas absurde de retenter. A l’inverse, si j’avais été non admissible, c’était mes 5 ans d’études qui devaient être remises en question. Et là, je ne pouvais pas faire grand chose. Mieux vaut abandonner et rebondir plus tard.
« Ce qui est criminel ce n’est pas d’échouer, mais de viser trop bas. » James Russell Lowell
Visez haut, mais pas trop. La vie n’est pas un film et désolé de vous le dire, mais si vous avez fait une scolarité moyenne depuis 4 ou 5 ans, peu de chance que l’ESCP, HEC ou l’ESSEC vous prennent sur un miracle, coup de chance ou malentendu. Vous trouverez toujours des gens qui vous diront qu’ils ont réussi à majorer HEC en ayant 5 de moyenne en fac, en fumant de la weed all day long et en venant bourré à l’oral d’admission. Mais statistiquement parlant, il y a 25 places sur 800 candidats environ … Vous pouvez toutefois les présenter s’ils ne prennent pas beaucoup de temps à préparer. Mais évitez si cela peut mettre votre scolarité en danger. Cela serait bête de valider à l’arrache votre année, de pénaliser votre dossier pour des écoles (très) correctes et de rater en plus l’école que vous vouliez.
Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre. » Groucho Marx
Ne dites pas oui à toutes les écoles parce que « la fac c’est nul, faut que je me barre ». Toutes les écoles ne se valent pas, c’est un fait. Admettons que vous soyez admissible à l’école A, tout a fait correcte, et l’école B, moins bonne. Les résultats de l’admission tombent et malheur, vous êtes recalé à l’école A mais admis à l’école B. Si vous êtes en 3ème ou 4ème année et que vous n’avez pas 50 ans, cela vaut peut-être le coup de refuser l’école B, continuer votre formation, et retenter l’année d’après. Vous connaîtrez déjà les épreuves d’admissibilité ainsi que l’oral d’admission. Vous pourrez en plus rajouter d’autres écoles à votre liste.