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N’ayez plus peur des dissections

Vous serez peut-être amené à faire des dissections au cours de votre scolarité ou de vos études, notamment au lycée, à la faculté de biologie, à la fac de médecine, en école de vétérinaire etc… : dissection de souris, de grenouille, de poisson, de chien … voire même de corps humain pour les étudiants en médecine.

La célèbre « leçon d’anatomie du Dr Tulp » de Rembrandt

Comme beaucoup de lycéens/étudiants, vous appréhendez peut-être ce moment : dégout pour les viscères, peur du sang, peur de mal réagir, peur de tomber dans les pommes, peur de vomir…

Du haut de mes quelques expériences de dissections au lycée et à la fac de médecine, je vous propose ici quelques conseils pour lutter contre cette appréhension (peut-être même avez-vous une phobie). Le principe est simple : il faut vous confronter à ce qui vous fait peur, progressivement, par palier (un peu comme dans une thérapie cognitivo-comportementale, ultra-simplifiée bien sûr). Je vous propose de le faire en 3 étapes.

Commencez par des dessins

Commencez par apprendre l’anatomie dessinée de ce que vous allez disséquer : cherchez des dessins et des schémas sur internet, dans des livres (biologie, atlas d’anatomie…)

  • Lisez et apprenez un maximum de choses : la forme des organes, leur couleur, leur texture, leur taille réelle…
  • Si les images vous incommodent ou vous impressionnent, redessinez-les sur du papier ou sur un tableau blanc pour vous les approprier.
  • Si besoin, accrochez des schémas anatomiques aux murs de votre chambre pour vous y confronter visuellement en permanence.

Le but de cette étape est que vous finissiez par vous dire qu’il n’y a pas de raison d’être choqué ou impressionné par l’intérieur du corps, pas plus que par l’extérieur (les yeux, les pattes, les dents…). Soyez-en convaincu : la peur du sang ou des viscères n’est pas rationnelle. A partir de là, vous pouvez passer aux deux étapes suivantes, qui visent à « contrôler » votre émotivité : c’est bien connu, les émotions échappent facilement à la raison et peuvent vous jouer des tours. Il faut donc « éduquer » ces débordements émotionnels, par des exercices :

Cherchez des photos et des vidéos des dissections que vous devez faire

  • Regardez plusieurs photos : si les images vous incommodent, accrochez des photos de dissection aux murs de votre chambre pour vous familiariser avec elles.
  • Regardez des vidéos : si besoin, coupez le son et mettez de la musique que vous aimez à la place. Avec le temps, vous devrez être capable de voir ces vidéos avec le son (sans musique à côté bien sûr).

Entraînez-vous avec de la nourriture

  1. Commencez simplement avec de la viande cuite et préparée : inspectez, manipulez et découpez minutieusement une patte de poulet par exemple. Vous devez êtes capable de reconnaître les structures anatomiques.
  2. Si vous êtes à l’aise avec la viande cuite, passez à de la viande froide : acheter un poisson entier ou un poulet qui a encore sa tête, et préparez-le de A à Z. Le but de cette opération est de vous confronter à 3 choses :
    • Les viscères « en vrai »
    • Le FROID du corps : le contact avec la peau froide de l’animal (ou du corps humain) peut faire un choc le jour de la dissection. Le mieux est de s’y être préparé, surtout si les corps sont conservés dans des « frigos ». Si besoin, mettez des gants (types gants fins en latex pour faire le ménage, que l’on peut acheter dans toutes les grandes surfaces) : vous aurez toujours des gants pour les dissections de corps humain, par contre il est rare qu’au lycée vous ayez des gants pour les dissections (entrainez-vous sans gants !).
    • L’odeur : confrontez-vous à l’odeur des viscères froids. Beaucoup d’étudiants sont gênés par l’odeur de mort pendant leur dissection. Vous devez vous y attendre.
  3. Enfin, si vous êtes à l’aise avec la préparation de la nourriture, vous pouvez mettre de côté les viscères pour prendre le temps de les « explorer » attentivement. Encore une fois, cela vous permet de vous confronter au froid (mettez des gants si besoin) et à l’odeur.

L’objectif de ces 3 étapes est de changer le regard que vous portez à la chose que vous disséquez, de changer l’image que vous en avez. Vous ne devez surtout pas l’associer à la mort, la souffrance, la dimension philosophique ou sociale : ayez un regard curieux et scientifique !

  • Ne vous y trompez pas : le but d’une dissection n’est pas « d’explorer » quelque chose que l’on ne connait pas, mais de RETROUVER « EN VRAI » ce que vous avez déjà vu dans les bouquins.
  • Pour éviter de « trop penser » à la dimension sociale, éthique, philosophique… ne passez pas trop de temps à attendre devant votre animal (ou devant le corps humain). Prenez un scalpel et des ciseaux, et lancez-vous ! Concentrez-vous sur la zone que vous êtes en train de disséquer, ne regardez pas le corps dans son ensemble.
  • Evitez de vous représenter l’animal (ou le corps humain) avant qu’il soit mort : n’allez pas imaginer la vie de la souris par exemple. Ne voyez que l’instant présent : un corps mort de souris, un tas d’éléments anatomiques qui sont assemblés d’une certaine manière et qui ne sont pas plus impressionnants que ce que vous pouvez voir à l’extérieur (la peau de la souris, ses yeux, ses dents, ses pattes etc).
  • Raisonnez par analogie avec vos schémas anatomique et histologiques. Par exemple, devant un muscle, imaginez toutes les petites fibres musculaires, leurs composants, leur organisation… Devant du sang, visualisez tous ses petits composants microscopiques (vous avez dû les apprendre avant la dissection).
  • Dans tous les cas, dites-vous « Waw, c’est intéressant ! », quitte à vous mentir à vous-même : vous finirez par y croire au bout de quelques minutes, heures, ou jours.

Si vous n’avez jamais fait de dissection, je me dois de vous prévenir du problème numéro un : l’odeur, une odeur de « mort », plus précisément un mélange de putréfaction, de formol voire de spray bactéricide (à la base, les morts ont une odeur un peu différente). Si besoin, mettez un peu de Vicks vaporub (sorte de pommade qui sent fort le camphre, la menthe et l’eucalyptus) juste sous votre nez. Au lycée, il est possible que le petit animal que vous disséquez soit immergé dans un bac rempli d’eau, ce qui atténue un peu l’odeur. A la fac, on vous donnera peut-être la possibilité de porter un masque « à l’eucalyptus ». Si vous êtes asthmatique, prévenez votre encadrant : le produit utilisé pour la conservation des corps peut parfois déclencher des crises d’asthme (notamment le formol).

En cas d’urgence

Si vous ne vous sentez pas bien pendant la dissection (coup de chaud, jambes en coton, palpitations, vue trouble…), n’hésitez pas à demander à votre encadrant à sortir de la salle. La première chose à faire est de se laver les mains, de s’asseoir et de respirer de l’air frais (le mieux est d’aller dehors).

Avant de refermer cet article, je me dois de vous parler de l’odeur « post-dissection ». Après une dissection, il est possible que l’odeur de « la mort » vous suive pendant longtemps (au moins pendant les 24h qui suivent la dissection), même après avoir pris une douche et changé de vêtements. Personnellement, je trouve cette odeur plus forte que pendant les dissections. Elle a certainement une composante psychologique, voire même peut-être une « imprégnation neurologique » (les neurones impliqués dans l’odorat continueraient de s’activer ?) : si vous leur demandez, les personnes autour de vous ne sentent pas cette odeur et disent que « c’est dans votre tête ». Certaines personnes parlent aussi d’une véritable « imprégnation » de leur corps, si bien que leurs urines ont une très forte odeur de « mort ». Bon, tout ça n’est peut-être qu’une théorie sans réels fondements. Par contre, l’odeur « post-dissection » est bien réelle.

Avec le temps et l’expérience, vous n’aurez plus besoin de toute cette préparation avant une dissection. Par contre, je vous conseille de toujours réviser l’anatomie de ce que vous allez disséquer et de regarder des photos ou des vidéos avant la dissection : cela vous évitera de faire des bêtises ou de perdre du temps le jour J.

Si vous avez des remarques ou des questions sur les dissections, en particulier les dissections humaines (je pense notamment aux (futurs) étudiants en médecine), n’hésitez pas à laisser des commentaires.

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

8 réponses sur « N’ayez plus peur des dissections »

Bonjour,
je suis étudiant en licence de biologie, et végétarien, et je refuse d’effectuer les dissections en TP; avoir des 0 en TP ne m’empêchera pas de réussir mon année et ainsi je pourrai encore me regarder dans une glace.
Il est là le vrai « courage », celui de ne pas se conformer à l’évitement du concept de responsabilité sociale, celui d’oser maintenir sa pensée critique et son objection de conscience.
Par contre, j’accepterais bien volontiers de disséquer mort ou vif le fils de pute qui a tué ces êtres sensibles.

Bonjour, je suis en terminale S et je pense me lancer dans une licence biologie mais je suis assez mal à l’aise par rapport aux dissections, (j’avais la phobie du sang plus jeune, mais maintenant ça va mieux) mais j’ai surtout du mal avec les animaux « qui nous ressemblent » style souris notamment quand il y a le corps entier de l’animal.. Et donc je voulais savoir si on s’habituait ou pas aux dissections ? Et ce que c’était que des vivisections ?

Merci pour ton article, je dois avouer que depuis ma première dissection qui a eu lieu hier je suis franchement dégoûtée, faut dire on a eu un sujet plus odorant que les autres, même les tuteurs disaient que celui là sentait vraiment fort. Mais depuis je redoute encore plus d’y retourner, j’ai encore deux séances à faire pour ce semestre, sur le même sujet, et à vrai dire mon envie de faire un DU de pédagogie médicale en anatomie (pour lequel on doit faire 50h de dissections) s’en est trouvée grandement compromise…

Alors merci, je vais essayer de mettre en pratique ce que tu as donné comme conseil, surtout pour l’odeur car il n’y a pour ainsi dire que cela qui me dérange vraiment… Ca m’a étrangement fait remarquer que mon sucre en poudre avait la même odeur en moins fort (difficile de manger des fraises sucrées après cela), du coup j’essaie de le sentir plusieurs fois par jour…

J’espère que l’odeur sera un peu moins oppressante sur d’autres corps, parce que le notre a servit toute la semaine, et qu’il avait du être étudié encore les semaines d’avant…

Merci beaucoup pour cet article, il est vraiment bien ! =)
A moi de tenter d’apporter ma pierre à l’édifice maintenant – quoique pour les dissections, je n’aie jamais eu de mal. Ça me faisait plus rire qu’autre chose, mis à part cette odeur franchement affreuse, j’en conviens. Je me souviens que les jours de dissection, la moitié de la classe amenait du déodorant et s’aspergeait après le cours. Je ne sais pas laquelle de ces deux odeurs m’écoeurait le plus, au final !

Au lycée, on avait des gants (un par personne, comme Laurent), mais au collège, nous n’avions pas cette chance. Il fallait donc y aller à pleines mains, chose particulièrement drôle dans certains cas. Enfin, pour moi. D’autres avaient beaucoup plus de mal..

En tout cas, merci pour cette méthode. Je ferai lire l’article à ma soeur, que la simple idée d’un scalpel dégoûte 😉 Je te dirai quels résultat elle a donnés !

Par contre, une chance que nous avons toujours eue, c’est d’avoir le droit de sortir de la salle si l’odeur se faisait trop oppressante. Si vous vous sentez mal, n’hésitez surtout pas à demander à prendre l’air dans le couloir quelques instants, ou à demander d’ouvrir la fenêtre !

Je suis entièrement d’accord avec toi. Avant de prendre un scalpel, il faut toucher le corps, animal ou humain. Je dirais même qu’il faut palper pendant quelques secondes la zone que l’on s’apprête à disséquer, et ne pas hésiter à y aller à pleine main si c’est un corps humain (ou un gros animal).

Tu as bien de la chance d’avoir eu des gants pour tes dissections au lycée. Avec le recul je me dis que mon bahut était particulièrement mal équipé pour les TP de bio : on devait s’estimer chanceux d’avoir quelque chose à disséquer, et pas pousser le bouchon trop loin en demandant des gants (on avait des éviers dans la salle, mais pas de savon ni de papier essuie-main). Si j’avais su, j’aurais acheté des gants en grande surface (chose que j’ai découverte assez récemment je dois dire).

Malgré cela, je garde plutôt un bon souvenir de mes dissections au lycée, et meilleurs encore de mes dissections humaines à la fac dé médecine (avec du très bon matériel cette fois).

Je me souviens que pour ma dissection au bahut, on nous fournissait un gant par main. Je crois que pour disséquer une souris en tous cas, l’étape déterminante, c’est de toucher la bête (entière, avant la dissection). Une fois ce cap passé, ça va mieux.

Et surtout oui, ne pas hésiter même à s’éloigner un peu pour respirer un air un peu plus pur, pour revenir à la tâche ensuite.

Je suis entièrement d’accord avec toi. Avant de prendre un scalpel, il faut toucher le corps, animal ou humain. Je dirais même qu’il faut palper pendant quelques secondes la zone que l’on s’apprête à disséquer, et ne pas hésiter à y aller à pleine main si c’est un corps humain (ou un gros animal).

Tu as bien de la chance d’avoir eu des gants pour tes dissections au lycée. Avec le recul je me dis que mon bahut était particulièrement mal équipé pour les TP de bio : on devait s’estimer chanceux d’avoir quelque chose à disséquer, et pas pousser le bouchon trop loin en demandant des gants (on avait des éviers dans la salle, mais pas de savon ni de papier essuie main). Si j’avais su, j’aurais acheté des gants en grande surface (chose que j’ai découverte assez récemment je dois dire).

Malgré cela, je garde plutôt un bon souvenir de mes dissections au lycée, et meilleurs encore de mes dissections humaines à la fac dé médecine (avec du très bon matériel cette fois).

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