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Passer par la petite porte

J’ai fait un bac S-SVT option mathématiques au lycée. Élève moyen mais ayant bossé tranquillement, et surtout dans la continuité, je m’en suis sorti avec une mention bien et des 18 en maths et physique. Tant mieux, car j’ai choisi de faire une classe préparatoire.

Une prépa PCSI, car ces sciences dures me plaisaient, et j’avais un assez bon souvenir des Sciences de l’Ingénieur que je faisais en seconde en module optionnel.

Année difficile, professeurs qui m’ont humiliés devant la classe entière, j’ai néanmoins validé « officiellement » ma première année. Officiellement car mon niveau en maths était trop faible: le directeur des prépa m’a clairement indiqué que j’allais me faire bouffer en deuxième année, et qu’il autoriserait la validation seulement si je changeais de classe prépa, ce qui était hors de question. J’ai donc choisi de valider mon année mais de quitter la prépa pour entrer dans le monde sombre de la faculté.

J’entre donc en licence 2 Sciences de l’ingénieur, option ingénierie mécanique, à la faculté d’Aix-Marseille. Ma licence 2 est cool, je découvre un nouveau monde, de nouvelles habitudes de travail. Comme j’ai été très bien manipulé par mes professeurs de classe prépa, je me soumets à l’exercice des admissions sur titres pour intégrer des écoles d’ingénieurs.

En licence 2, avec un 11 de moyenne (pas terrible …), j’ai déposé mon dossier pour INSA Lyon. J’ai été admissible, je suis allé aux oraux. Et ça c’est mal passé.

Mal passé car oral mal préparé: je me suis fié au discours des professeurs pour définir ce qu’est le métier d’ingénieur, qu’est ce qui est passionnant dans ce que l’on fait. Manque de préparation de ma part aussi, méconnaissance du milieu dans lequel j’allais être baigné.

Je passe en licence 3, et je travaille mieux: le premier semestre m’a permis d’être dans le top 5 des étudiants avec une moyenne correcte (13). Je me lance donc encore une fois dans l’arène des admissions sur titres. Et le résultat est éloquent: admissible au concours des écoles Centrales, aux écoles Polytech, à SupMéca, à différents masters de très bon niveau, et surtout à l’ENS Cachan en tant que normalien (car c’est la aussi un concours).

Et quand on veut être admissible, il y’a une leçon à retenir: l’examinateur a devant lui votre CV et une lettre de motivation. Il faut montrer que vous aimez ce que vous faites, que vous êtes passionné, que vous voulez continuer dans cette voie, et que la formation que l’école ou université propose correspond à votre cursus professionnel. Ils sont la pour vous proposer une formation, mettez vous dans la peau de la personne qui sait quel veut être son avenir, et qui cherche quel école permet de le réaliser.

Alors qu’en étant en prépa, vous serez évalué presque exclusivement sur vos connaissances et votre capacité à sortir un cours, les admissions sur titres ou les concours externes permettent de se mettre en valeur, de montrer ses talents d’argumentation, d’exhiber ses expériences.  Evidemment, il faut avoir quand même travaillé un minimum, mais le niveau et le travail exigé en université est moindre qu’en prépa: vous avez le temps de bosser vos partiels.

Maintenant, il faut se montrer convaincant à l’oral. Un avantage certain, c’est d’être à l’aise à l’oral ! Et être à l’aise, c’est avoir prévu la majeure partie des questions que vous aurez: pourquoi vous êtes ici, que cherchez-vous dans notre école, pourquoi avoir choisi la mécanique, … Le reste, c’est votre capacité à répondre intelligemment, à argumenter et à discuter avec l’interlocuteur.

Après tous ces oraux terminés, les résultats tombent: je suis d’abord admis à SupMéca Paris, puis Polytech, et à tous les masters auxquels j’ai postulé (dont certains en langue anglaise et de renommée internationale). Et j’ai été admis à l’ENS Cachan. En ce qui concerne l’oral de Centrale, j’ai appris 1 heure avant que j’étais admis à l’ENS. J’étais tellement content que je leur en ai parlé, et évidemment ils m’ont refoulé.

Il faut dire que je partais avec un « avantage »: je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard. Tout m’intéresse: le métier d’ingénieur, de professeur, de chercheur. A partir de là, je ne me suis pas restreint: c’est pour cela que vous avez peut être l’impression que j’ai choisi un éventail assez large et divers de formations. C’est surtout que je me cherche moi-même.

Ensuite, il faut savoir discuter, argumenter, présenter. C’est peut être difficile pour certains, mais il faut être à l’aise à l’oral. Vous arriverez plus facilement à faire passer vos émotions, vos sensations, votre envie de faire le métier que l’école vous propose. Et il faut le rappeler, l’école est la pour cela. C’est donc gagnant-gagnant.

Evidemment, tout ceci n’est que la seconde étape d’une suite: d’abord, vous avez les concours écrits et les questions de cours. Mais si vous n’êtes pas à l’aise en prépa, il ne faut pas vous empêcher de partir, pour des raisons diverses (« ahah tu va rien faire à la fac », ou « la prépa c’est l’élite »). Les écoles recrutent de plus en plus dans les facultés et IUT, et des nouveaux concours (le second concours de l’ENS) permet une admission dans ces écoles. En université, si vous avez décidé de ne rien faire, vous ne ferez rien. Mais il suffit de s’investir un peu pour avoir de bons résultats, et entrer dans une école ou un bon master.

Pour achever mon article, je dirais juste qu’il ne faut pas se laisser avoir par le discours élitiste qu’on vous offre en prépa. Non, l’élite de la nation ne se forme pas en prépa. Vous avez toutes vos chances dans toutes les occasions: il suffit de savoir se défendre. Il suffit de savoir passer par les petites portes.

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

2 réponses sur « Passer par la petite porte »

Je suis actuellement en deuxième année de licence e, sciences et technologies. C’est une toute nouvelle licence et je fais partie de la première promotion. Je ne connais donc absolument pas le niveau de cette licence ni si les écoles d’ingénieurs vont être apeurées ou intéressées par mon profil dû à ma formation.
De plus le nombre de place très restreint des écoles pour les admissions sur titres m’effraie un peu.
Tu penses qu’il faut tout de même que je tentes ma chance ?

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