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La voie des moindres choix

Aujourd’hui, c’est un article un peu particulier qu’on retrouve sur Réussir Mes Études : le témoignage de quelqu’un qui a suivi « la voie des moindres choix ».

Le soir, tu te fais un thé, prends un stylo un papier et grattes. Tu es là, seul, dans la nuit, avec ton théorème et les scritchs de ton stylos qui glisse sur tes petits carreaux, tu travailles. C’est agréable de travailler : une gorgée de thé, une ligne de calculs, une pause durant laquelle tu réfléchis, une gorgée de thé. Il n’y a pas de méthode, il n’y a que toi avec ton stylo et ta tasse. Le soir, tu te fais un thé, ouvres ton ordi et rédiges un article pour un site web qui propose aux gens de réussir ses études. Assez franchement, tu trouves cela super prétentieux. Tu es un peu gêné, tu sais pas trop quoi dire.

Les études c’est faire des choix, des choix stratégiques, des choix passionnés, des choix raisonnés. Je vais vous parler de choix parce que j’ai fait les miens le plus tard possible et que je ne me suis posé que trop peu de questions avant cela. Je me demande parfois si je n’aurais pas fait un excellent menuisier. Notons d’ores et déjà que j’ai toujours aimé les sciences, que j’ai toujours aimé « travailler », mais que j’aurais pu faire mille choses et que je ne regrette pas d’être là ou je suis. Cela dit on peut s’interroger assez tôt sur ce qu’on veut faire. Faire une chose dont on a envie, est un assez bon vecteur de réussite il me semble.

Tout d’abord j’ai suivi la voie S au lycée, mes copains faisaient cela, j’étais extrêmement bon en maths à ce moment. Ensuite j’ai été en MPSI. J’étais bon en sciences et la question ne se posait pas vraiment, j’allais devenir ingénieur. Était-ce très malin d’aller en prépa ? Si on a l’intention de travailler beaucoup et qu’on y va pour gagner un concours je pense que c’est une bonne idée. Le premier jour, lors de mon entrée dans la taupinière, j’ai rencontré un type sympa avec des dreadlocks et du stress sous sa casquette qui m’a demandé pourquoi j’étais là.

« Je ne sais pas, je suis là, c’est tout.
-Mais pourquoi t’es venu en prépa ?
-J’aime bien les maths et cela ouvre plein de portes. (Je n’aurais su dire lesquelles, à ce moment.)
-Mais tu t’es renseigné sur les autres trucs que tu aurais pu faire ? »

C’est peut être la première fois de ma vie que je réalisais que je n’avais pas fait de choix.

Le choix suivant était stratégique, je pouvais aller en MP ou en PSI, j’ai choisi PSI parce qu’il y avait plus de place à Sup’Aéro, parce que j’avais peur de faire MP*, et je pensais que les types en PSI étaient moins intelligents qu’en MP et donc que les concours n’en seraient que plus facile (n’importe quoi !). Résultat, j’ai raté Sup’Aéro de quelques places (une dizaine je crois) et j’ai eu l’ENSTA Paristech (très bonne école par ailleurs). Le choix et le Kismat* se jouent beaucoup de nous. J’aurais bien pu choisir de faire de l’aéronautique et aller dans une école correspondante, c’est ce que je voulais faire, mais j’ai préféré école mieux classée, plus difficile à avoir, plus généraliste et à Paris (et qui a déménagé à Palaiseau). Encore une fois, je n’ai pas choisi mes études. Ensuite, en école, j’ai compris que j’aurais peut être dû choisir. La première année c’était top. Il y avait plein de cours scientifiques, quelques cours un peu pipeau mais qui semblent nécessaire à la survie en entreprise… En deuxième année, je ne savais pas quelle voie suivre. Conséquence du non-choix de mon école ? Les filières de deuxième année ne me convenaient pas. J’ai choisi la plus « ouverte » : celle où on code, on fait des maths (beaucoup) et de la physique (mais les cours ne m’ont pas plu)… Je me suis ennuyé et, chose assez bizarre, j’ai arrêté de travailler. Je lisais mon cours avant d’aller à l’examen et je cherchais des corrigés de TD la veille du partiel, de toutes façon les documents étaient autorisés.

Après cette année-là, j’ai réalisé que j’aimais vraiment la science. Je suis allé faire une césure en entreprise, pour voir ce que c’était, et puis j’ai choisi la voie académique. J’ai pu, grâce à la « flexibilité » de l’école (et à pas mal de travail, mais cela j’aime bien), faire un M2 en physique et me voilà maintenant en thèse !

Bref, tout cela pour dire que réussir ses études c’est très bien, encore faut-il trouver les études qu’on a envie de réussir. Pour ma part, tout s’est finalement bien passé, même si je n’ai su ce que je voulais qu’extrêmement tard : j’ai la chance d’aimer suffisamment la science pour que ce soit ma motivation, si vous ne trouvez pas la vôtre, posez vous les questions que je ne me suis pas posé : « pourquoi suis-je là ? », « qu’est-ce que je veux faire ? », « comment le faire ? ». J’ai appris il n’y a pas si longtemps qu’on pouvait faire ce qu’on voulait et qu’on n’était pas obligé de devenir ingénieur quand on est bon élève en série S.

À vous de voir, vous avez le choix.

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

2 réponses sur « La voie des moindres choix »

J’aime beaucoup l’approche de l’article : les moindres choix.
Malheureusement c’est la situation de beaucoup des élèves qui arrivent en école d’ingénieur chaque année.
Ca fait déjà 10 ans que j’en suis sortie et je n’ai commencé que ces dernières années à faire les choix qui me conviennent et pas ceux que la société attend.

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