L’échec à l’université est un véritable problème sur lequel le ministère de l’Éducation nationale bute depuis des années sans parvenir à trouver de solutions vraiment satisfaisantes.
Le constat de l’échec à l’université.
L’échec concerne essentiellement la première année à l’université. Selon les chiffres du ministère, plus de la moitié des étudiants en L1 ne passent pas en L2. Une grande partie des étudiants redoublent et l’autre partie quitte le cursus universitaire.
Les causes de l’échec à l’université
Non la fac n’est pas un long fleuve tranquille. Voyons de plus près la réalité humaine de cette situation.
Ayant exercé pendant 8 ans la profession de conseillère d’orientation psychologue au sein de l’Éducation nationale j’ai eu en charge de nombreux élèves de Lycée et plus particulièrement des élèves de terminale qui préparaient leurs études post bac. La sélection est une des composantes majeures et la plupart du temps très nouvelle pour les jeunes à ce stade de leur parcours de formation. Un des problèmes d’une orientation vers l’université et qui peut en partie expliquer l’échec est que bien souvent elle n’est pas vraiment choisie, mais plutôt subie par les étudiants. Attention ce n’est pas le cas pour tous les étudiants et ce n’est pas le cas pour certaines filières qui au contraire sont très demandées.
Eh oui qui dit sélection, dit qu’il y a plus de demandes que d’offres pour les formations opérant une sélection à savoir BTS, Concours d’entrée aux grandes écoles, en IUT, etc.. Un des rares cursus à ne pas opérer de sélection à l’entrée est l’université. Comme je le disais très souvent à mes élèves de terminale certes l’inscription dans une faculté est de droit dès lors que vous avez le bac ou un équivalent, mais il s’opère une sélection tout de même que je qualifie de sélection « sauvage ».
L’entrée à l’université est bien souvent une véritable douche froide pour les anciens lycéens que vous êtes. Le lycée c’est un peu la famille, la plupart du temps vous y avez été scolarisé depuis la seconde, vous y avez vos ami(es), vos habitudes bref vous êtes en terrain connu. Même si les choses ne passent pas forcément bien au lycée il y a un encadrement qui n’existe plus ou du moins plus sous la même forme à l’université. Autonomie, constance, assiduité sont nécessaires pour réussir à l’université.
La liberté à l’université : un cadeau empoisonné ? Eh oui vous devez apprendre à vous gérer seul, pour certains c’est l’eldorado, enfin libre, pour d’autres c’est l’angoisse la plus totale. À part les TD où votre présence est obligatoire, les cours magistraux sont libres, votre présence n’y est pas contrôlée. L’université c’est grand, très grand, certains s’y perdent. La relation avec les professeurs n’est plus du tout la même qu’au lycée, vous êtes un étudiant parmi tant d’autres. Les amphis surtout en première année sont bondés, certains étudiants se plaignent du bruit, du fait que beaucoup d’autres étudiants soient également démotivés. Ces deux éléments sont particulièrement vrais en première année de licence.
Concernant le travail à fournir, les étudiants ont bien souvent du mal à savoir ce qu’on attend exactement d’eux, puisque la relation avec les professeurs est beaucoup plus distante. Il y a peu d’heures de cours, mais il est nécessaire de fournir un gros travail personnel sans encadrement. Pas toujours évident aussi de travailler à la bibliothèque. Même pour des étudiants très motivés ces conditions sont parfois difficiles à vivre.
Les signes avant-coureurs de décrochage à l’université : Dans les premiers temps, la liberté nouvelle qu’offre l’université peut être perçue comme une nouveauté grisante, mais très vite un malaise peut s’installer. Difficultés à saisir ce qu’on attend de vous, difficultés à gérer cette liberté et cet anonymat. Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas contrôlé que vous ne devez pas remplir des obligations et surtout que vous ne subirez pas les conséquences de ce désinvestissement. Difficultés à se motiver, il vous est de plus en plus difficile de venir au cours magistral. Ils sont pourtant nécessaires, car ils vous donnent les connaissances nécessaires pour pouvoir suivre les TD qui eux sont obligatoires. Vous ne vous sentez pas à votre place, vous pouvez vous renfermer sur vous-même, vous sentir seul, de plus en plus seul. Vous pouvez même somatiser, avoir l’angoisse, la boule au ventre le matin à l’idée de vous rendre à l’université. Il est primordial de repérer ces signes très tôt afin de réagir, car oui il y a des solutions et la première des choses est la prise de conscience.
Les solutions pour lutter contre l’échec à l’université.
Deux maîtres mots essentiels : repérer les signes du décrochage et rester actif.
Si vous repérez un de ces signes : démotivation, angoisse, isolement, etc. il faut absolument réagir et vous faire aider, car il existe des dispositifs pour vous aider. Ne pas rester isolé en discuter est un premier pas vers une solution.
- Dédramatiser : tout d’abord, ne pas réussir en première année à l’université n’est pas une catastrophe. Il faut absolument relativiser et dédramatiser les choses. Doit-on d’ailleurs parler d’échec ? Nous ne sommes pas des robots, Dieu merci et nous ne sommes pas clonés, donc nous n’avons pas tous la même façon de réagir et de gérer les différentes étapes de la vie. S’inscrire à l’université et s’apercevoir que ce n’est pas sa voie n’est pas en soi un échec, mais un tâtonnement, une erreur et bien souvent on apprend plus de ses erreurs que de ses succès. Mais pour cela il faut prendre le temps d’analyser les choses, réfléchir sur ses motivations profondes. Vous avez des lieux ressources pour vous aider. Donc votre vie ne s’arrête pas là bien au contraire certains d’entre vous ont besoin de plus de temps, de se tromper avant de vraiment trouver ce que vous voulez faire.
- Se réorienter : il est en effet possible de se réorienter à l’université, des passerelles existent dans les universités. Avant d’opter pour cette solution, il est primordial de prendre un temps pour bien réfléchir et redéfinir son projet. Pour cela vous aurez besoin d’une aide que vous pourrez trouver auprès du conseiller d’orientation au sein de l’université, dans les services communs d’Information et d’Orientation (SCIO) présents dans quasiment toutes les universités, les CIO (Centre d’information et d’Orientation) présents dans les grandes villes. Vous pouvez également si vous en avez la possibilité financière recourir à un bilan d’orientation ou à un coach en orientation. Pour les bilans attention, les questionnaires gratuits que vous trouvez sur internet ne sont pas des bilans d’orientation complets. Ce sont de simples questionnaires en général corrigés de manière informatique visant à établir un profil d’intérêts professionnels, mais la question du projet professionnel est bien plus complexe et inclut de nombreux facteurs. Vous pouvez vous rendre sur mon blog lux-aide-à-l’orientation.com où j’y explique l’intérêt du bilan d’orientation.
- Dans le cadre d’une réorientation, vous pouvez opter pour une inscription dans une grande école ou une autre université qui proposent une rentrée décalée. Attention cela doit se faire au 1er semestre, car en général ces rentrées décalées ont lieu en janvier.
- Faire une pause dans ses études : certains étudiants ayant eu une mauvaise expérience à l’université prônent de ne pas insister si on se rend compte qu’on n’est pas bien à l’université. D’autres affirment qu’il est préférable de persister tout en prenant des dispositions afin de redéfinir son projet d’études et professionnel. Je pense qu’il n’y a pas de règle unique en la matière. C’est vrai qu’il y a comme pour tout nouveau parcours un temps d’adaptation que poursuivre et se présenter aux examens peut permettre d’obtenir des unités de valeur qui peuvent servir par la suite. Il est vrai aussi que sur un CV il est préférable de ne pas avoir une interruption d’études en cours d’année. Mais il est vrai aussi qu’insister dans une situation difficile à vivre peut avoir des conséquences plus ou moins graves selon sa personnalité, son vécu, etc. À vous de prendre la décision, mais pas avant d’avoir fait le point en vous faisant aider.
Donc prendre une pause dans ses études peut être une bonne chose à condition de ne pas rester à la maison à ne rien faire. Non au contraire il faut agir. Vous pouvez en profiter pour faire du bénévolat au sein d’une association, partir comme jeune fille au pair, faire un service civique, etc.
Vous pourrez ainsi prendre le temps de réfléchir, et vous mettre en situation de travail même s’il n’est pas rémunéré, mieux vous découvrir, mais également avoir des opportunités. N’oubliez pas les associations peuvent embaucher. De plus elles sont souvent en contact avec des partenaires, des entreprises ce qui pourra vous être utile lorsque vous vous présenterez sur le marché du travail.
- Étudier autrement pendant un temps
Une autre solution peut être de prendre des cours par correspondance. Lorsque c’est possible cela peut être une solution, mais attention cette option ne convient pas forcément à tous les étudiants. Vous êtes suivi, mais une grande autonomie est également nécessaire.
- Opter pour une insertion dans le monde du travail : certains étudiants optent tout simplement pour une insertion directe dans le monde du travail. Attention à cette solution, car le retour à des études est beaucoup plus difficile après. Ceci dit certains étudiants sont contraints d’opter pour une entrée sur le marché du travail souvent pour raison économique. Pensez à l’alternance qui peut être une bonne solution puisque vous vous formez avec des périodes au sein d’une entreprise et dans un centre d’apprentissage. Sans compter les avantages par la suite lorsque vous chercherez du travail. Si l’entreprise au sein de laquelle vous vous êtes formé a été satisfaite de vous, elle vous embauchera plus facilement (c’est le cas pour un grand nombre de jeunes). De plus, un élément très important pour votre future insertion dans le monde du travail cette entreprise même si elle ne vous embauche pas pourra vous permettre d’étoffer votre réseau de connaissance très important dans vos futures recherches d’emploi.
- Recourir au tutorat : pour ceux qui souhaitent tout de même poursuivre à l’université, en surmontant les difficultés pensez au Tutorat. Il existe 2 types de tutorat, le tutorat d’accueil et le tutorat d’accompagnement. Pour lutter contre l’échec à l’université ce dernier peut vraiment être très efficace puisque vous êtes suivi par des étudiants dans la même filière que vous, mais en 2e ou 3e : renseignez-vous auprès de l’administration de votre université, car le tutorat n’est pas automatique il faut en faire la démarche.
Voilà vous avez des pistes, des solutions pour lutter si vous sentez que l’échec vous guette. Le maître mot agissez et ne restez pas seul et opter pour la solution qui vous conviendra le mieux.
Rachida MESSILI du blog www.lux-aide-à-l’orientation.com