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Interview : Frédéric Doillon, Chief Technical Officer de l’UCPA, nous raconte son parcours

Frédéric Doillon est le CTO, Chief Technical Officer, de l’UCPA. Son métier a évolué pendant sa carrière, et aujourd’hui il se concentre sur le site web et l’e-commerce chez l’UCPA. Il a choisi de se tourner vers le management, au contraire d’autres CTO qui ont privilégié l’expertise technique.

J’ai eu le plaisir d’un entretien avec Frédéric, et j’espère que ce sera le premier d’une longue série de travailleurs expérimentés, pour vous éclairer sur votre orientation mais aussi vous partager ses secrets de réussite. En attendant, sachez que l’UCPA recrute : ajoutez Frédéric sur LinkedIn pour lire ses offres d’emploi, de stage et d’apprentissage !

Le parcours de Frédéric

À 54 ans, Frédéric a eu l’occasion de vivre beaucoup d’expériences. Pourtant, les premières années de son parcours sont assez classiques. En 1982, il obtient son bac scientifique (à l’époque, on l’appelait le bac C) dans un lycée huppé dont le débouché naturel est la prépa.

Le problème, c’est que Frédéric n’est pas emballé par l’idée de faire une prépa. Et puis il ne sait pas non plus s’il est plutôt littéraire ou plutôt matheux. Alors pendant que ses camarades partent en prépa maths, il travaille le concours de Sciences Po. Il se motive à fond, révise très dur tout l’été ; malheureusement, réviser sans aide extérieure de personnes passées par là ne porte pas ses fruits, et il échoue au concours. Aujourd’hui, il vous recommande de toujours vous faire accompagner par un prof particulier qui a passé le même concours que celui que vous visez.

La chance de Frédéric, finalement, c’est que sa mère ne croit pas en lui. Elle l’a inscrit en Sciences Éco à l’université Paris II comme “plan B”, et c’est donc ce plan B que Frédéric va suivre. Et il ne le suit pas qu’à moitié : il obtient son DEA, l’équivalent du Master d’aujourd’hui, en économétrie. En plus, il rencontre sa femme à cette époque.

Après le DEA, il est temps de faire son service militaire. Pour ne pas s’ennuyer, Frédéric demande à être affecté à Berlin. On est en 1988, il y a des soldats soviétiques partout dans la ville, il passe parfois à Berlin Est où l’ambiance est très particulière. C’est une année sabbatique en quelque sorte, une année où pour la première fois, Frédéric peut prendre le temps de se poser et de se demander : “et maintenant, je fais quoi ?”. Si l’idée d’année de césure n’existait pas encore, c’est bien ce que Frédéric a fait, découvrant d’autres horizons et prenant le temps de réfléchir à son avenir.

La femme de Frédéric se lance en thèse. Lui décide d’être journaliste, et puis pourquoi pas journaliste sur des sujets économiques, puisque ça colle avec ses études. Il envoie quelques candidatures un peu au hasard, sans réponse. Il n’y croit pas à fond. Tant pis. Il commence une thèse.

En thèse, il enseigne l’économétrie à des étudiants de Master, qui n’ont que 2 ou 3 ans de moins que lui. Pendant deux ans, il se spécialise dans son sujet mais prend surtout l’habitude d’enseigner sa matière à des élèves pas toujours motivés. C’est une expérience qui lui servira beaucoup pour la suite, dans son parcours de manager.

La thèse, c’est quelque chose d’abstrait. Un peu trop, pour Frédéric. Il décide de trouver un travail “normal”. Il passe des concours pour les banques, la Poste, France Télécom, des instituts classiques et plutôt prestigieux. Il n’est pris nulle part et tant mieux : les banques, ce n’est pas vraiment la passion de Frédéric.

Nous sommes en 1991. Avec une thèse d’économétrie en poche, Frédéric a besoin d’un métier. En France, l’informatique explose, mais les programmes académiques ne se sont pas encore mis au goût du jour et presque aucun diplôme ne forme aux métiers du numérique.

Les grosses sociétés d’informatique décident alors de recruter des candidats à bac +5, quelle que soit la spécialité. Frédéric s’inscrit à un programme de formation, apprend à insérer une disquette dans un ordinateur, à bidouiller quelques lignes de code. Et il s’améliore.

Il reste 10 ans dans l’entreprise qui l’a formé, à conseiller des équipementiers en automobile. Il doit créer des programmes qui lisent les codes-barres des étiquettes pour suivre le circuit de fabrication. Un seul bug peut faire perdre des journées de travail. La pression est énorme.

Et puis un beau jour, il est envoyé sur une mission de deux mois à l’UCPA pour les aider à préparer le fameux “bug de l’an 2000”. “Le monde des vacances, c’est quand même moins stressant que le monde de l’automobile”, sourit-il pendant notre entretien.

À l’UCPA, il crée le tout premier site web de l’entreprise, tout seul. C’est un site en interne pour permettre aux moniteurs saisonniers de s’orienter et de trouver un travail à long terme après leur saison à l’UCPA. La mission dure deux ans.

Ensuite, Frédéric décide de s’accrocher à l’idée d’Internet : 3 ou 4 employés, dont lui, travaillent sur un site ouvert au public, où les gens pourraient réserver leurs vacances en ligne. C’est complètement nouveau, à l’époque !

Aujourd’hui, le site web de l’UCPA n’est plus maintenu par 3 ou 4 employés, mais par un grand nombre de personnes réparties dans différents services. Le poste de Frédéric n’a officiellement pas changé, mais son métier a été transformé du tout au tout.

Peut-on dire que la carrière de Frédéric a été stable ? Oui, plutôt, à part ce pivot entre la thèse en économie et le métier en informatique. D’ailleurs, dans l’entreprise, ils sont 3 à avoir exactement la même maîtrise d’économétrie : lui-même, un contrôleur de gestion, et le social media manager de l’entreprise. Un diplôme pour 3 parcours complètement différents.

“Si vous ne savez pas quoi faire, les hasards de la carrière vous permettront de trouver. Et si ça ne vous plaît pas, ça changera aussi. Il faut savoir s’adapter”, conclut Frédéric à propos de son parcours.

Les conseils de Frédéric

Quand j’ai demandé ses conseils de productivité à Frédéric, il a commencé par avouer, en riant : “En tout cas, je ne peux pas donner de conseils d’organisation !”

Et Frédéric, c’est justement la preuve que quand on n’est pas très bien organisé, on peut quand même s’en sortir dans ses études ou dans son travail. Ce qui fait la force de Frédéric, c’est qu’il sait se concentrer. Avec un peu de pression, ou un sujet précis qui l’intéresse, il peut dédier toute son énergie à un projet et ne pas se disperser. Si vous avez du mal à vous concentrer pendant longtemps, pas de panique : la méthode Pomodoro peut vous aider !

Heureusement, les conseils de réussite personnelle étaient beaucoup plus nombreux. Commençons par une notion que vous devez absolument retenir : “Les études, c’est le meilleur moment pour trouver son équilibre. Quand tu commences à bosser, c’est plus compliqué”.

Ca veut dire que c’est le moment d’apprendre à avoir une vie équilibrée, où on a des loisirs et du travail en quantités raisonnables. Travailler dur, c’est bien ; travailler longtemps, ça ne sert pas à grand chose. Mieux vaut essayer de comprendre ce qu’il se passe. Selon votre filière, on n’attendra pas la même chose de vous, et il faut aussi comprendre ces attentes : en prépa, on peut vous demander de tout prouver, à la fac, il vaut mieux savoir comment utiliser ce que vous avez acquis, sans forcément le démontrer à nouveau.

Et bien sûr, les études, ce n’est pas le plus important, même pour réussir sa carrière. Ce qui compte vraiment, c’est ce qu’on appelle les soft skills : les attitudes de travail, le comportement en public, les compétences relationnelles avec l’autorité ou les membres d’un groupe de travail. C’est le bon moment pour apprendre à gérer les autres personnes sans conséquences : on peut réussir à ne pas se laisser marcher sur les pieds tout en faisant preuve de bienveillance.

L’objectif de vos études, Frédéric le résume en une phrase : “trouver la place qui nous convient dans l’endroit qui nous convient”.

Qui t’inspire le plus ?

Nous avons eu cet entretien au début de la Coupe du Monde – oui, on dirait que c’est super loin maintenant !

Frédéric m’a répondu, sans hésiter : “Zidane”.

Un peu surprise, je lui ai demandé de développer.

Zidane a eu une carrière exemplaire, plus brillante que celles d’autres personnes peut-être meilleures que lui. Ce qui a fait la différence, pour Frédéric, c’est qu’il est resté humble et n’a jamais cessé de travailler dur.

“Après, il est devenu entraîneur : à la différence des autres de sa génération, il est resté longtemps entraîneur adjoint, il a appris au fur et à mesure au lieu de se jeter dans le grand bain”, explique Frédéric. Résultat : c’est lui qui a le plus de titres dans la plus grande équipe du monde, et surtout, il a su partir alors qu’il était au top de sa carrière.

Alors, motivé-e par le parcours et les conseils de Frédéric ? N’hésitez pas à l’ajouter en contact sur LinkedIn ! (Et si vous n’êtes pas à l’aise avec LinkedIn, suivez le guide !)

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

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