Cet article est le premier d’une série de six consacrés à la réussite de la première année des études de médecine, mieux connue sous le nom de P1, et officiellement appelée PACES (Première année commune aux études de santé). Restez connectés : un nouvel article paraîtra tous les deux jours.
- Introduction
- Trouver une méthode de travail
- Tenir le rythme pendant 9 mois
- Rester motivé toute l’année
- Les révisions et le concours
- L’après-P1
Pour savoir à quoi vous attendre pendant le cursus médical, lisez mon article S’engager dans des études médicales, évoquant la quantité de travail, la dimension psychologique, scientifique et humaine etc.
Avant de rêver à votre future spécialité médicale, vous devez commencer vos études de médecine par le commencement : la première année des études médicales (la PACES = la P1). Tout bachelier peut s’inscrire en PACES. C’est un des principes de l’accès à l’enseignement universitaire français. La P1 est commune à quatre cursus, et ce n’est qu’à la fin de l’année que vous choisirez entre médecine (pour devenir médecin), odontologie (pour devenir dentiste), maïeutique (pour devenir maïeuticien, aka sage-femme) et pharmacie (pour devenir pharmacien).
Contrairement aux licences, la P1 est sanctionnée par un concours, et seuls les étudiants réussissant ce concours seront admis en deuxième année. Le numerus clausus (nombre d’étudiants reçus au concours) de chaque université est fixé en début d’année par l’Etat. Vous trouverez sur le site remede.org les numeri clausi de toutes les Universités. Notez que chacune des quatre filières a son propre numérus clausus. Vous pouvez choisir de vous inscrire à une ou plusieurs filières. La plupart des épreuves du concours sont communes à toutes les filières, mais chaque filière possède quelques épreuves supplémentaires qui lui sont spécifiques. Selon les villes et les filières, il est plus ou moins difficile de réussir le concours. Prenons par exemple les facultés de médecine de Grenoble et de Nantes, en 2010-2011 : à Grenoble le numerus clausus de médecine était de 169 pour 1410 candidats (soit 12% de reçus), tandis qu’à Nantes, le numerus clausus de médecine était de 216 pour 882 candidats (soit 25% de reçus). (Plus de chiffres sur la PACES)
Mettez-vous donc tout de suite dans la tête qu’il y a très peu de places au concours, et que chaque centième de note, chaque détail de cours, chaque remarque des profs est importante. Tous les autres étudiants inscrits en P1 souhaitent autant que vous devenir médecin, et sont prêts à tout pour que vous perdiez des places au concours, et donc des chances de passer en P2.
Enfin, n’oubliez pas que vous seul pouvez réussir votre P1. Vous êtes à la faculté, autrement dit vous êtes « entièrement livré à vous-même », ce qui peut faire un choc par rapport au lycée : aucun cours n’est obligatoire, personne ne vérifie que vous travaillez dans les temps, personne ne vous donne de bonne ou de mauvaise appréciation, et rien n’est généralement prévu pour vous aider individuellement, ou vous soutenir psychologiquement. Selon les universités, vous suivrez les cours soit seul chez vous avec un DVD (comme à Grenoble, sans réelle contrainte d’emploi du temps), soit dans des amphis bondés, avec parfois une vidéo en guise de prof, et où les chances de suivre correctement le cours sont inversement proportionnelles au rang auquel vous êtes assis dans l’amphi (dans la très grande majorité des facultés). Vous devez donc être capable de vous imposer à vous-même des contraintes de travail. Sachez également qu’en tant que P1, vous n’êtes pour ainsi dire « rien » car vous n’avez pas fait vos preuves tant que vous n’avez pas réussi le concours. Néanmoins, les étudiants en médecine plus âgés (et les professeurs) sont conscients de la difficulté de la PACES, pour en avoir fait une eux-même, et seront donc relativement compréhensifs.
Si vous échouez au concours, vous avez le droit de redoubler votre P1 (les primants sont appelés «bizuts», et les doublants sont appelés «carrés»). Attention, vous n’avez droit qu’à un seul redoublement. Au bout du deuxième échec, vous n’avez d’autre choix que de vous réorienter.
Pour réussir votre P1, vous devez vous fixer comme objectif la réussite du concours en 1 an. Si vous commencez l’année en vous disant « de toute façon, je l’aurai en 2 ans », non seulement vous serez certain de rater votre première P1, mais vous aurez également de bonnes chances de rater la seconde. Vous ne pouvez pas réussir votre P1 si vous-même n’y croyez pas.
Attention, croire en la réussite de votre P1 ne signifie pas ne pas avoir de plan B : quels que soient vos résultats pendant l’année, même si vous êtes major de promo, vous devez avoir une idée de réorientation possible (pour plus de détails, je vous renvoie à la lecture de mon article Se réorienter après la PACES).
Sachez d’ores et déjà qu’il est impossible de réussir une P1 si vous n’avez pas acquis les cours de mathématiques, de physique et de chimie du programme de terminale S. Très exceptionnellement, quelques étudiants ayant un bac ES (parfois L) et ayant rattrapé leur retard en sciences (maths, physique, chimie) pendant l’été réussissent le concours. Remarquez que la plupart des enseignements de SVT du lycée sont inutiles pour le cursus médical : vous apprendrez d’ailleurs que beaucoup de sujets scientifiques sont tellement vulgarisés au lycée qu’ils en deviennent faux. D’ailleurs, les statistiques montrent que les étudiants ayant fait une spécialité Maths ou Physique en terminale réussissent bien mieux que ceux ayant fait une spécialité SVT.
On note par ailleurs une association entre la mention au bac et la réussite du concours de 1ère année. Voilà les résultats d’une étude menée en 2010 à la faculté de médecine de Paris-VI :
- Bac S mention Très Bien : 57,1% de bizuts reçus, 100% de carrés reçus
- Bac S mention Bien : 19,1% de bizuts reçus, 73% de carrés reçus
- Bac S mention Assez Bien : 6,5% de bizuts reçus, 38,5% de carrés reçus
- Bac S sans mention : 0,5% de bizuts reçus, 12,8% de carrés reçus
Sachez également que bon nombre d’élèves brillants en terminale échouent au concours, parfois même de très loin. Inversement, chaque année, quelques étudiants ayant eu leur bac de justesse réussissent leur P1. Cela tient probablement au fait que les premiers étaient déjà à fond en terminale alors que les seconds en étaient loin.
Dans tous les cas, votre P1 promet d’être difficile, et la réussir relève parfois du parcours du combattant. Je vous propose donc trois points clés pour réussir le concours de P1, qui feront chacun l’objet d’un article : une méthode, de l’endurance au travail, et de la motivation. Les deux articles suivants contiendront quelques conseils pratiques pour les révisions, le jour du concours et l’après-P1.
Si vous avez des questions ou des remarques sur la PACES, en particulier sur l’utilisation du DVD à Grenoble ou ailleurs, n’hésitez pas à laisser des commentaires.
Pour plus d’informations sur le cursus médical et pour savoir ce qui vous attend vraiment à la fac de médecine et à l’hôpital, je vous renvoie à mon article intitulé S’engager dans des études de médecine.
7 réponses sur « Réussissez votre PACES (1/6) – Introduction »
je suis en première s . j’ai vraiment envie réussir mon paces . est ce que je dois commencer à réviser qqc d’autres à part mon cours de première?
Bien réussir tes cours en première et en terminale, c’est largement suffisant, rassure-toi.
Bonjour,
J’attaque une P1 à grenoble et j’ai obtenu mon BAC en 2010.
Ayant préparé (et loupé de justesse) des concours kinés par la voie PCB l’an dernier, je suis au point sur le programme de P-C et de Biologie de terminale.
En revanche, je n’ais pas fais de maths depuis plus de 3 ans.
Sauriez vous me dire le programme de maths en PACES ?
Est-il abordable et pensez vous que je doive revoir certaines bases ?
Cordialement, Nicolas
Bonjour Nicolas,
A Grenoble, le programme maths correspond en gros à ce que l’on fait en tout début de CPGE. En 2010 (l’année de ma PACES), nous n’avions aucunes révisions des maths de lycée : les profs considéraient que nous étions au point sur tout ce qui concerne l’analyse de fonction (continuité, limites, dérivées, primitives, intégrales « simples » etc), les statistiques (pas très compliqué), et les bases de l’algèbre… Si je me souviens bien, nous n’avions pas de géométrie…
Au concours, il y a très peu de temps et beaucoup de question. Et bien sûr, tous les calculs se font à la main (pas de calculatrice), avec des fonctions assez « compliquées »… il faut donc non seulement maîtriser son cours, mais en plus être rapide dans les calculs « manuels ».
Par contre, le programme de physique est assez poussé et les profs ne prennent pas beaucoup de temps pour expliquer les choses : la plupart des démonstrations sont « abrégées » alors qu’on se rend compte au concours qu’il est indispensable de comprendre le pourquoi du comment des équations. En plus, la physique représente un coeff assez important pour le concours (beaucoup plus que les maths).
Mon conseil est donc le suivant
– pour les maths, tu devrais t’en sortir en te faisant des fiches sur tout ce qu’on voit en matière d’analyse de fonction en terminale S. Inutile de réviser le reste (éventuellement, jette un oeil aux stats et à l’algèbre)
– pour la physique, fait beaucoup d’exercices et assure toi de maitriser à fond toutes les notions vues au lycée, en 1ère et Terminale S. Si je me souviens bien, tout y passe dans le programme : électrostatique, mécanique, ondes électromagnétiques etc…
Voilà voilà,
Bon courage pour cette P1.