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Formations à l'étranger

Postuler en Master au Royaume-Uni

La plupart des écoles de commerce et d’ingénieurs offrent la possibilité à leurs élèves de partir à l’étranger y effectuer une partie de leurs études. En profiter pour suivre un programme de master dans une université britannique prestigieuse est alors un moyen de booster son CV en donnant une dimension internationale à son cursus et en élargissant son panel de compétences. Dans cet article, j’essaierai de détailler les différentes étapes du processus de candidature, qui n’est pas anodin pour un étudiant français peu habitué aux méthodes de recrutement outre-Manche.

Les aménagements possibles au cours de la scolarité en grande école sont multiples et dépendent de la politique de votre établissement d’origine. Si un tel séjour académique vous est possible, cela se fera très probablement dans le cadre d’une césure (entre la deuxième et la troisième année) ou d’un double-diplôme (en lieu et place de la troisième année). Le processus de candidature est le même dans les deux cas, et il est conseillé de s’y mettre dès le début de la deuxième année (voire en fin de première année).

Attention, cher lecteur, sache que ces informations sont données à titre indicatif. Je ne saurais que trop te conseiller de prendre contact le plus tôt possible avec le service international de ton école, qui sera le plus à même de te guider dans ton projet.

Etape 1 : Trouver où candidater

Là, c’est totalement ton job, et on ne peut pas vraiment t’aider pour ça. Un point de départ peut être d’aller voir les responsables des partenariats internationaux de ton école, qui pourront te donner une première liste d’universités dans laquelle des anciens élèves d’un profil similaire au tien sont déjà allés. Quelques conseils pour trouver le master de tes rêves :

  • PRENDS. TOI. ZY. TOT. C’est le premier conseil de cet article et c’est le plus important. Je sais qu’il est toujours difficile de savoir ce que l’on veut faire quand on est en fin de 1A ou début de 2A, mais ne néglige pas cette étape-là. Le processus est long et les deadlines approchent vite.
  • Procède par élimination : il y a des centaines d’universités différentes, et tu ne pourras candidater qu’à trois ou quatre d’entre elles. Tu peux cibler suivant la localisation, la durée du master (1 ou 2 ans, 10 ou 12 mois), le prix, le nombre d’options possibles, la quantité de projets et de cours théoriques, etc.
  • Si tu comptes revenir dans ton école d’origine après le master, réfléchis stratégiquement en fonction de ce que tu voudrais faire en 3A. Par exemple, si tu es certain de vouloir faire des statistiques plus tard, alors il n’est peut-être pas très malin de partir un an étudier dans ce domaine, étant donné que tu te retrouverais à faire la même chose une fois de retour en 3A. Un enseignant dans le domaine concerné peut-être de bon conseil, et il sera le plus à même d’analyser le contenu du master au vu du syllabus.
  • Regarde dans les différents départements : les catégories ne sont pas les mêmes qu’en France. Ça serait bête de passer à côté du master de tes rêves parce qu’il était dans le département « Economics » et pas « Sociology » ou bien dans le département « Natural Sciences » et pas « Engineering »
  • Regarde les pré-requis (requirements) et le public auquel le programme s’adresse, afin de savoir si ce master est bien fait pour toi (ça serait bête de refaire des choses que tu as déjà vues en 2A, ou au contraire de te retrouver perdu par manque des connaissances de base)∗
  • Toutes les universités sont différentes et ont plus ou moins leurs spécificités (localisation, campus, proportion d’élèves étrangers, réputation, activités extra-scolaires…). Toutes les informations sont bonnes à prendre pour tenter d’en savoir plus sur l’établissement : forums, sites officiels, Wikipédia…
  • Vise large. Tu n’es pas obligé de ne postuler qu’à Oxford et Cambridge… Mais ne t’auto-censure pas non plus !
  • Demande des conseils. Une fois que tu as une idée un peu précise des programmes qui te plairaient, parles-en à tes profs. Il pourra te dire si ce que tu envisages est pertinent en fonction de ton projet, et t’aideront à déchiffrer le contenu des enseignements proposés.

note concernant le niveau académique : il faut savoir que le cursus au Royaume-Uni est constitué de trois ans de licence (Bachelor), c’est ce qu’on appelle le niveau undergraduate, puis d’un an de master (niveau postgraduate). Ainsi, un élève qui partirait effectuer un master au Royaume-Uni après son M1 se retrouverait avec des élèves locaux plus jeunes d’une année ! Attends-toi donc à avoir un contenu probablement moins approfondi que celui d’un M2 français.

Si jamais tu es vraiment trop stressé par le choix de ton programme, sache tout de même qu’il est toujours possible de demander à en changer à la rentrée si tu as des regrets. Durant les deux premières semaines, il y a souvent des gens qui demandent à être transférés dans un autre master, voire un autre département. Ça se fait bien dans la plupart des universités, mais il faut être motivé et sûr de son coup, cette fois 😉

Etape 2 : La validation par l’école

Je ne m’étendrai pas sur cette partie, puisqu’elle dépend très fortement du format du séjour (césure, substitution…) et de l’école. Dans tous les cas, attends-toi à devoir remplir quelques formalités du côté de ton école d’origine : le plus important étant de t’assurer que l’école soutient ton projet dès le début. Si tu ne leur communiques pas assez clairement tes intentions, tu pourrais avoir une mauvaise surprise au moment de revenir vers eux pour leur annoncer que tu as été pris dans l’université de tes rêves… (bien sûr, cela dépend de la politique de l’école).

Etape 3 : La candidature

Là commence la partie intéressante !

3.1. La deadline

Très important (ça va être ton cauchemar constant pendant ton début de 2A). Contrairement aux universités américaines pour lesquelles ça tourne autour de novembre, tu auras souvent jusqu’à février (parfois juin) pour les universités britannique (ce n’est qu’une estimation bien sûr, je t’encourage à vérifier sur le site).

Les dates dépendent des universités, mais aussi des masters. J’ai été confronté à deux types de processus de sélection :

  • Plusieurs vagues d’admission. Parfois, il y a ce qu’on appelle les rolling admissions : plusieurs dates différentes sont indiquées, par exemple une fin décembre, une mi-février et une autre fin mars. Ils examinent les candidatures à ces trois dates-là uniquement. Il est souvent très fortement conseillé de soumettre sa candidature au moins avant la deuxième deadline. La dernière, c’est vraiment dans le pire des cas. La première, c’est top.
  • Parfois, il n’y a qu’une seule deadline. Celle-ci peut être en juin. Dans ce cas, il est recommandé de candidater simplement le plus tôt possible. Plus tu candidates tôt, plus tu as de chances d’être pris, c’est aussi simple que ça. Si tu candidates en avril et qu’il n’y a plus de places, tu seras rejeté même s’ils ont déjà dit oui à un type moins bon que toi. Donc prends-t’y très tôt (oui c’est bien comme ça qu’on dit, pas de z en fait).

3.2. Les trucs à préparer avant

– Les test d’aptitudes :

Si tu ne possède pas la nationalité d’un pays anglophone et que tu n’as jamais passé au moins une année à étudier dans un tel pays, tu devras probablement passer un test d’anglais. Pour cela, il faut que tu te renseignes directement sur le site du ou des masters qui t’intéressent. En effet, chaque université a ses propres exigences, et celles-ci peuvent varier d’un programme à l’autre. Ce dont tu peux être sûr, c’est qu’on ne te demandera pas de fournir tes résultats au TOEIC 😉

Le test le plus commun est le TOEFL (http://www.ets.org/), mais certaines universités n’acceptent parfois que l’IELTS. Bref, renseigne-toi. Si tu comptes passer le TOEFL, prévois le plus tôt possible une session. Les sessions d’examen ont un nombre de places limités, et si tu ne veux pas avoir à te déplacer en Lozère pour passer ton test, le mieux est de s’y prendre au moins deux mois à l’avance.

Astuce : si tu n’as pas le temps de passer le TOEFL avant de candidater (ou que tu n’as pas encore eu tes résultats), certaines universités acceptent très bien que tu ne leur donnes pas tes résultats tout de suite. En effet, ils peuvent évaluer tout de même ton dossier, tu recevras une offre conditionnelle (conditional offer), ce qui signifie qu’ils te prennent à la condition que tu aies des scores suffisants à ton TOEFL.

Ainsi, le TOEFL ne fait pas partie des critères de recrutement. Si la barre d’exigence est à 90/120, avoir 115 ne te donnera aucun avantage sur celui qui a eu 92. La seule question est « ton score est-il suffisant, ou non ? ». Si c’est le cas, bravo, sinon tu vas devoir le repasser (et repayer 240$). Une amie chinoise a dû le passer trois fois avant d’obtenir le score suffisant…

Parfois, tu auras besoin de passer le GRE, qui est un test d’aptitudes général et qui est pris en compte dans le processus d’admission. Tu ne peux donc pas soumettre ta candidature sans les résultats de ce test, car ils serviront à t’évaluer (et il faut donc avoir le meilleur score possible).

Ce sont les plus communs. Bien sûr, vérifie sur le site du master s’ils ne demandent pas quelque chose de plus exotique…

– Les relevés de notes :

Il faudra que tu fournisses tous les relevés de notes que tu as obtenus au cours de tes études supérieures. Tu n’es pas vraiment obligé de fournir ceux de ta dernière année en date, étant donné qu’à cette époque de l’année, le relevé contiendra deux ou trois pauvres lignes (voire aucune si tu n’as pas eu le temps de passer de partiels). A toi de voir si celles-ci t’avantagent. Généralement, le service scolarité de ton école te donnera la possibilité d’éditer tes relevés en anglais, pour que tu n’aies pas à les traduire toi-même (n’oublie pas de préciser que tu les souhaites en anglais pour le système UK et non pas pour le système US, car la transcription des notes est différente).

Il faut aussi que tu fournisses tes relevés de notes de prépa (pour ceux que ça concerne) traduits. Là, il y a plusieurs stratégies : certains lycées peuvent fournir une traduction estampillée par eux-mêmes, parfois ton école acceptera de les traduire pour toi si tu leur donnes. Chacun son truc. Pas besoin de transformer la note sur 20 en lettres, normalement ça passe tout à fait. Si tes appréciations sont bonnes, ils comprendront que ton 11 de moyenne en maths ne signifie pas forcément que tu es une tanche…

En théorie (et c’est là que ça devient délicat), tu es censé revenir dans ton lycée pour leur montrer la traduction et leur faire tamponner. Personnellement, j’ai juste récupéré l’image du tampon scanné sur mes anciens bulletins en français, je l’ai collé (merci paint) sur mes nouveaux bulletins traduits et c’est passé tout à fait crème. Même pas eu besoin de remettre les pieds dans ma prépa. Mais ne dites pas que je vous ai dit ça.

– Les lettres de recommandation (reference letters)

On arrive dans la partie un peu plus déstabilisante. Les universités demandent toutes deux (voire trois pour certaines comme Oxford) lettres de recommandation émanant d’academics. C’est-à-dire qu’un mot signé de ton papa, ça ne marche pas. Chacun a ses astuces, personnellement mes trois lettres de recommandation étaient :

  • Une lettre de mon responsable de filière. En théorie, il apparaissait tout à fait indiqué pour être le prof le plus proche de moi. En pratique, il n’avait quasiment jamais vu ma tête et il aurait été bien incapable de dire quoi que ce soit sur moi. Du coup, ce qu’il faisait à chaque fois, c’est qu’il laissait l’élève la rédiger lui-même, puis il la signait.
  • Une lettre d’un prof de première année (j’ai choisi la matière dans laquelle j’ai eu la meilleure note, et qui était plutôt liée avec le sujet des masters auxquels je postulais). Il ne me connaissait pas vraiment non plus, mais le fait que ce soit un professeur réputé internationalement ainsi que la mention de mon rang dans sa matière ont sûrement été un atout.
  • Une lettre d’un prof de lycée (oui je sais, sur la troisième lettre on commence à manquer un peu d’inspiration). Il était titulaire d’un master d’Oxford, j’avais donc l’infime espoir que cela m’aide à attirer l’œil du recruteur (spoiler : ça n’a pas marché).

Un truc très important à savoir : certaines universités demandent à ce que ce soit le professeur (referee) qui uploade lui-même sa lettre de recommandation ! Cela leur permet de vérifier l’identité de l’auteur grâce à l’email.

Il faut donc t’y prendre à l’avance (encore une fois) et t’assurer de ce qu’il l’uploade à temps, sans quoi tu ne pourras pas soumettre ta candidature.

Et bien sûr : laisse-leur du temps pour t’écrire une lettre. Un mois c’est bien, ça ne met pas trop la pression (arrange-toi pour qu’ils le fassent plus vite que ça, quand même).

3.3. Remplir le formulaire

Pour 90% du formulaire, il n’y aura pas de difficulté majeure, si ce n’est que tu devras renseigner ton origine ethnique ainsi que ta religion, ce qui peut paraître assez bizarre (tu peux les embobiner, j’ai dit que j’étais bouddhiste et c’est passé).

On notera également que la soumission de la candidature est payante. Souvent autour de £50 par dossier, n’écris donc pas n’importe quoi dedans 😉

Faire un dossier, ça prend du temps et de l’argent, c’est pourquoi il faut s’appliquer et il est conseillé de n’en faire que 3 ou 4 (sachant que dans un seul dossier pour l’université, on peut parfois postuler à deux masters en même temps).

La principale difficulté que tu rencontreras, c’est de caser ce parcours si français de la prépa + école dans ton formulaire. Ne t’inquiète pas, nous sommes tous passés par là, et je suis à peu près sûr que chaque candidat l’a rempli d’une manière différente (je crois avoir mis différents trucs dans mes diverses candidatures). Il faut faire attention à ne pas remplir n’importe quoi non plus, car après ça, il faudra que tu le justifies une fois que tu auras été accepté ! Et c’est là tout l’enjeu d’arriver à voir si tu seras capable de fournir les diplômes correspondant au parcours que tu es en train de leur décrire…

La principale difficulté réside dans le fait que le seul diplôme que tu as, a priori, c’est le bac. Sauf si t’es un planqué d’AST qui a déjà une licence. Le problème vient aussi du fait que si tu fais une césure, ça ne rentre pas trop dans les cases.

Voici donc, sans plus attendre, ma traduction personnelle de mon parcours en version UK (envoyée à UCL) :

Image

J’ai donc découpé la formation de mon école pour mieux leur faire comprendre quel était mon niveau académique. Ils ont eu l’air de bien comprendre et n’étaient pas très chiants sur les preuves qu’ils m’ont demandées. Il m’ont tout de même demandé de prouver que je validerais mon année avec 13 de moyenne dans les matières scientifiques, sans me demander de copie du diplôme (que j’aurais été bien incapable de fournir puisque mon école ne délivre pas de diplôme de Bachelor).

A noter : certaines écoles peuvent tout de même délivrer une « Attestation de niveau gradué » qui permet de faire valoir son niveau, même sans avoir un véritable diplôme de Bachelor.

Si tu es accepté, n’hésite pas à contacter directement le département pour leur expliquer de vive voix (ou par mail) la spécificité du système français. J’ai personnellement passé un long moment à expliquer pourquoi je ne pouvais pas fournir de diplôme de licence, et encore moins de master.

3.4. La lettre de motivation (personal statement, statement of purpose ou encore cover letter)

Je développerai ce point à une autre occasion car il mérite, je pense, un article à lui tout seul.
En une phrase : passes-y du temps et fais-toi relire !

Ci-dessous, une vidéo qui donne une bonne idée de ce qu’il est attendu dans cet exercice si inconnu des étudiants francophones.

https://www.youtube.com/watch?v=5jQ3MJgdkJY

3.5. Les bourses (scholarships)

C’est un autre point à ne pas négliger car, comme tu le sais, les masters au Royaume-Uni sont pour la plupart très chers (généralement entre 8000 et 25000 livres). Toutes les universités proposent des bourses.

Tu peux candidater à des bourses au niveau de l’école ou au niveau du département auquel tu postules. Parfois, d’autres institutions comme l’association des anciens élèves proposent d’autres aides.

La plupart du temps, la candidature aux bourses se fait en même temps que la candidature générale. Attention : la deadline pour les scholarships est très souvent plus précoce que celle pour les admissions ! Je t’encourage donc à régler ça le plus tôt possible (c’est-à-dire au moment même où tu postules).

C’est vraiment un élément important, car le montant de l’aide peut atteindre la dizaine de milliers de livres.

Etape 4 : attendre

Félicitations, il ne te reste plus qu’à te ronger les ongles pendant deux mois, en attendant fiévreusement un mail du service admissions.
Si la réponse et positive, il faudra encore fournir d’énièmes papiers et documents authentifiés pour rassurer l’université qui a peur de la tricherie. Cela se fera via des centaines d’aller-retour entre les divers services administratifs de l’école…

Ce n’est qu’une fois tout cela fait que tu pourras profiter d’une année dans le pays de Shakespeare 😉

Par Lexane Sirac

J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.

6 réponses sur « Postuler en Master au Royaume-Uni »

Bonjour,
Merci pour ton article !
Je suis en L3 de droit et je regarde UCL, Oxford etc. J’ai vu que UCL demandait au moins une mention bien (qui est à 15 dans ma fac et quasi inatteignable contre 14 dans les autres facs) et aucune information pour Oxford.
Est-ce que tu sais si ils prennent en compte le niveau de la fac d’origine pour décider d’un dossier ?
Merci !

Bonsoir, savez-vous si un « service d’accompagnement » quelconque à la candidature pour la LSE existe ? Mon cas est assez particulier, je suis en prépa et j’aime cette filière mais j’ai depuis quelques temps envie de tenter et voir s’ils m’accepteraient et à ce moment-là je prendrai la décision finale, ainsi le temps m’est précieux et j’aimerais aller droit au but ! Merci infiniment de votre avis.

Bonjour Hugo,
Malheureusement, je n’ai jamais entendu parler d’une aide de ce genre. Bonne chance !

C’est vrai qu’étudier en Angleterre fait rêver (surtout à Londres), mais tous mes amis qui y sont se plaignent constamment de leur loyer trop cher !

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