Introduction
Je suis classée 154ème à Grenoble. Le dernier intégré l’année dernière était 204ème, je suis donc pour l’instant bien placée ; nous sommes cependant plus de 1100 admissibles séparés par très peu de points. Rien n’est encore joué !
L’épreuve de Grenoble est réputée très difficile ; tout d’abord, il faut faire un exposé sur un sujet de géopolitique, économie ou philosophie. Ensuite, on interviewe un des membres du jury. Enfin, l’oral classique de motivation a lieu.
Je ne passe aucun oral de langue à Grenoble ; les oraux de langues sont communs à tous les concours Passerelle et ma LV2 italien me donne le choix entre les centres d’examen suivants : Strasbourg, Montpellier et Dijon. Pour des raisons surtout pratiques (du 7 au 14 juin, je serai logée à Paris), mais également d’affinité (je passe l’entretien de motivation de Strasbourg et pas celui des deux autres écoles, autant faire d’une pierre deux coups), j’ai choisi de passer les oraux de langues le 10 juin à Strasbourg. Ce sera donc uniquement l’oral d’entretien qui aura lieu l’après-midi du 3 juin à Grenoble.
L’accueil
On me récupère directement à la gare (petit souci technique, j’avais marqué que j’arrivais en bus et les admisseurs ont apparemment reçu mon formulaire disant que je viendrais de l’aéroport !), et on m’amène manger à la cafétéria de l’école, très confortable. J’ai déjà l’occasion de discuter avec plusieurs personnes de l’association Escapade (les admisseurs, donc), et d’autres candidats très sympathiques. On m’offre une part de pizza et une canette d’Ice Tea, et je pars à l’amphi de présentation.
Plutôt qu’un amphi, il s’agit ici d’une salle de classe – nous ne sommes qu’une vingtaine. Entre vidéo de présentation, petit mot d’accueil du directeur de l’école et sketchs en tous genres, nous passons plus d’une heure et quart dans la salle. Les premiers partent d’ailleurs à leur entretien avant la fin de cet accueil. On nous distribue la plaquette de l’école et un casque audio où est inscrit le logo de l’ESC Grenoble ; beau cadeau !
Ensuite, nous pouvons partir à la mezz’, lieu de vie central de l’école. FIFA et PES nous y attendent dans un coin, Just Dance dans un autre (manque de chance, la Wii était en panne), à une table on joue au Jungle Speed, à une autre sont attachés six iPad. Bel accueil, on sent que l’école veut séduire ses futurs élèves ! Des admisseurs nous ont toujours accompagné jusque dans nos salles, nous donnant d’excellents conseils et toujours prêts à nous aider (mention pour celui, particulièrement zélé, qui a refait plusieurs nœuds de cravate dans la journée !)
L’entretien de motivation
On me donne quatre sujets :
- Une citation d’Oscar Wilde, « les médecins enterrent leurs erreurs, mais non les architectes »
- Un thème : « Dans quel domaine de l’économie souhaiteriez-vous travailler ? »
- Une carte sur la distribution de la richesse dans le monde
- Un graphique sur la baisse de la croissance économique de la Chine
J’ai choisi la citation, les autres sujets ne m’inspirant absolument pas (j’ai beaucoup trop vite oublié mon cours de géopolitique sur la Chine, et l’unité choisie pour la carte est tellement aberrante que je préférerais encore me taire pendant cinq minutes plutôt que de faire un exposé dessus).
Une demi-heure de préparation, un plan en trois parties (deux parties sur l’interprétation du texte : I- l’erreur du médecin est irréparable, pas celle de l’architecte qui apprend par l’expérience II- le médecin cache son erreur, l’architecte s’en sert pour devenir plus fort, et une troisième partie sur l’application de cette citation dans le cadre d’une école de commerce ; l’étudiant se rapproche de l’architecte, il fait des erreurs dans un cadre sécurisé par une équipe pédagogique et ces erreurs lui permettent de se construire et de s’améliorer, etc.), et voilà qu’on vient me chercher pour passer devant le jury.
La présidente du jury, membre du corps professoral de l’école, me met immédiatement à l’aise en me posant des questions sur mon prénom tout en m’amenant à la salle d’entretien. J’entre, les salue, m’assois et commence.
L’exposé se passe bien, rien de transcendant jusque-là. J’ai l’impression de m’ennuyer à peu près autant que mon jury. Heureusement, il semblerait que j’arrive enfin à attirer leur attention en parlant un peu d’Oscar Wilde dans l’introduction (montrant que je connais l’auteur, donc) et en insistant bien sur le parallèle entre l’architecte et l’étudiant en ESC, puisque j’ai l’impression que cette comparaison leur plaît. Je m’applique à bien regarder les trois dans les yeux, à sourire, à faire des phrases cohérentes sans regarder ma feuille, et il semblerait que tout aille bien.
Un regret cependant : sachant que j’allais être tentée de tripoter ma montre nerveusement pendant tout l’oral, je ne l’ai pas prise. Mais personne ne m’a dit où j’en étais côté timing ; je pense avoir été dans les temps, mais c’était complètement à l’instinct. On a vu plus rassurant ! Apparemment, d’autres jurys prévenaient lorsqu’il restait deux minutes.
La partie qui me faisait le plus peur avant l’oral – et celle qui s’est avérée la plus simple. En plus de la présidente de jury que je n’avais pas le droit d’interroger, on trouvait là deux autres personnes : le directeur général d’une entreprise internationale d’accessoires de smartphones, et un consultant en applications pour smartphone. J’ai choisi d’interroger le directeur général, expliquant que le consulting ne m’attirait pas du tout.
C’était leur dernier entretien de la journée et je me disais que le jury devait avoir assez soupé de « parlez-moi de votre parcours » pour les dix ans à venir. Alors, j’ai commencé par : « Qu’est-ce que vous avez fait ce week-end ? » En quatre questions sur le jardinage, nous arrivions à la vie de directeur général et aux législations américaine sur les produits. Le reste de l’entretien a été parfaitement classique et bien assez intéressant pour que je puisse le synthétiser rapidement et assez complètement sans trou de mémoire.
La présidente du jury a commencé en taillant dans le vif : « quels sont vos engagements professionnels et associatifs actuels ? ». Je parle, je parle. Apparemment, ce que je dis leur plaît. Ils insistent en particulier sur mon expérience de traduction (ça vous plaît ? C’est votre passion ? Qu’est-ce qui vous a poussée à faire ça?), puis ils ont parlé de toutes mes différentes expériences. Ensuite, nous avons discuté de voyages. À la question « quelle est l’actualité récente qui vous a le plus marquée ? », j’ai répondu « la mastectomie d’Angelina Jolie », avant de développer en insistant sur la propagation de l’information à l’ère du numérique, pour une information dont finalement, peu de personnes ont besoin. J’ai ensuite évoqué la réaction de Christine Boutin sur Twitter (« pour ressembler à un homme ? ») et des implications sociales des réseaux sociaux. Ensuite, ils m’ont demandée si j’avais un compte sur Pinterest, et j’ai expliqué préférer Tumblr pour des raisons d’ergonomie en particulier. J’ai précisé que j’avais l’impression que Pinterest était un hybride bâtard entre Tumblr et Twitter, qui cumulait les défauts des deux sans en avoir les qualités, et que je trouvais cela particulièrement dommage. « Pourquoi Tumblr plutôt que Flickr ? » : j’ai parlé des différents formats qu’on peut partager sur Tumblr, alors qu’on est limité au format photo sur Flickr ; j’ai précisé que DeviantArt me semblait être une meilleure alternative à Tumblr que Flickr.