Introduction
Je suis allée à l’écrit de l’EM Lyon en me disant que l’admissibilité était impossible, sauf sur un énorme malentendu. Conclusion, quand j’ai eu ma convocation aux oraux, je suis allée à l’entretien de l’EM Lyon en me disant que l’admission était impossible, sauf sur un malentendu encore plus énorme. Autant vous dire que le stress était à son comble, mais que je voulais vraiment bien faire pour montrer que j’avais mérité ma place d’admissible !
À Lyon, on ne passe pas de LV2 ; il n’y a que deux épreuves, l’entretien d’anglais et l’entretien de motivation. On m’a précisé que je n’avais absolument pas besoin de maîtriser la méthode pour l’anglais (tant mieux, je ne l’avais pas travaillée…), mais qu’on m’évaluerait seulement sur mon niveau de langue. Je ne me suis donc pas vraiment fait de souci pour cette épreuve, me concentrant plutôt sur mon entretien de motivation.
Remarque : Suite à certaines remarques de lecteurs m’accusant de fausse modestie pour l’admissibilité, je tiens à préciser quelque chose. Notons qu’à l’époque où j’avais passé l’écrit de l’EM Lyon, je n’avais pas encore reçu ma note de Tage-Mage (note jamais atteinte en entraînement), d’où mon manque de confiance. De plus, dans les dissertations au lycée et à la fac, je n’ai que rarement obtenu des bonnes notes ; j’en avais déduit que je n’étais pas faite pour les dissertations. Cette impression avait été renforcée le jour de préparation au concours Passerelle, où le professeur avait lu mon plan de synthèse et m’avait expliqué que j’étais complètement à côté de la plaque et que j’allais lamentablement rater cette épreuve. Rassurant, n’est-ce pas ? Ne prenez donc pas cela pour de la fausse modestie ; j’étais vraiment persuadée que j’allais rater ces épreuves. Même configuration pour les oraux ; j’ai un projet professionnel relativement incertain, un parcours absolument pas en adéquation avec une école de commerce et je continue à croire que ma note de dissertation a dû être assez basse, me plaçant parmi les derniers admissibles malgré mon score au Tage-Mage.
L’accueil
Comme à Grenoble, une équipe d’admisseurs (ici volontaires, et non membres d’une association dédiée) me récupère à la gare pour m’amener à l’école. Je peux ensuite me promener dans l’école pour la visiter, en compagnie des admisseurs particulièrement sympathiques. Nous discutons tranquillement jusqu’à l’amphi de présentation.
La vidéo est relativement courte, les discours aussi. C’est beaucoup plus simple qu’à Grenoble, mais cela me permet de ne pas me déconcentrer de mon objectif final. À Lyon, je rencontre plusieurs membres d’un forum qui m’a permis de préparer mes concours, tous plus cool les uns que les autres : tant mieux !
On nous offre un t-shirt admissibles (qui m’avait vraiment manqué à Grenoble, si on ne peut même plus faire de collection de t-shirt quand on passe un concours, où va le monde?), un stylo, une pochette d’ordinateur EM Lyon et le guide touristique de la ville édité par l’école (le Petit Paumé).
Après l’oral, les admisseurs restent avec nous et n’hésitent pas à discuter avec nous, l’ambiance est vraiment chaleureuse. Même si on voit que l’administration de l’école n’a pas forcément fait énormément d’efforts pour nous accueillir, l’équipe d’étudiants qui s’occupe de nous fait de son mieux, nous met à l’aise, est adorable et mérite tous mes remerciements !
L’épreuve d’anglais
Je commence par l’épreuve d’anglais. On nous donne un texte (différent pour chaque candidat) : le mien, tiré de The Independent, parle du prix aberrant des médicaments contre le cancer. Après quinze minutes de préparation (douze, en fait – mon professeur vient me chercher un peu en avance et comme je viens de terminer mon brouillon, je refuse les trois minutes supplémentaires auxquelles j’ai droit), je rencontre donc ma jurée. Nous allons vers notre salle, je m’assois, et je résume le texte, essayant de ne pas paniquer lorsque je m’aperçois qu’elle doit prendre ma copie du texte et que je dois donc tout présenter de mémoire, n’ayant pas rédigé mon introduction au brouillon. Je précise que The Independent est un journal britannique, mais que l’étude dont on parle est américaine ; je fais quelques parallèles entre les prix américains et anglais et entre les deux systèmes de santé. Je termine par une petite ouverture sur un débat, puisque je suis censée lire un passage du texte puis répondre aux questions de l’examinatrice et que je souhaite lui tendre une perche : est-ce que le profit (qui peut être utile, puisqu’il permet la recherche et le développement) peut être plus important que l’éthique et que des vies humaines ?
Elle me pose seulement une question : « il vient d’où, votre accent ? J’ai entendu de l’américain, de l’anglais et de l’australien, c’est très étrange. » Je lui explique que je suis allée dans un lycée international, donc que j’ai côtoyé toutes sortes d’accents. Elle hoche la tête. « Très bien : je pense que nous pouvons arrêter de perdre notre temps. Vous pouvez sortir, et bonne chance pour l’entretien ! ».
Ah.
L’entretien de motivation
Cinq minutes avant l’entretien, je suis en train de trembler sur ma chaise, au comble du stress et le moral au fond des chaussettes. Heureusement, le miracle des concours reprend à l’instant où mon jury vient me chercher ; grand sourire, plus aucune pression, il ne reste qu’à faire le meilleur travail possible.
Et c’est bien ce que je fais, d’ailleurs : après le traditionnel « présentez-vous », nous discutons de mes diverses expériences et de la façon dont je manage les équipes que je dirige, de mes objectifs, de ma capacité de faire des compromis ou au contraire de mener plusieurs activités de front. Nous enchaînons ensuite sur une partie plus technique, sur la stratégie low cost de plusieurs entreprises (Total et Air France) et sur la stratégie en général. On me demande aussi de préciser ce que je pense de l’école, si c’est mon premier choix (c’est le cas), et ce que je pense qu’elle pourra m’apporter (le dirigeant d’entreprise, en particulier, me dit : « vous êtes déjà manager – je ne vois pas ce que l’EM Lyon peut vous apporter de plus », ce à quoi je réponds qu’il y a une énorme différence entre apprendre sur le tas comme c’est le cas actuellement et suivre une formation spécialisée qui me permette de combler mes lacunes et d’acquérir des vraies connaissances en management et surtout en marketing).
J’ai l’impression d’enchaîner les bourdes : je dis que je ne veux pas devenir dirigeante d’entreprise, que je n’ai pas de projet professionnel clair, je demande à reformuler trois fois une question (qui s’avère ne pas être une question, mais une affirmation – la honte.) et je suis incapable de reconnaître le nom du président de l’école. Mais apparemment, on ne m’en tient pas vraiment rigueur, puisque les jurés terminent en disant que j’ai su les séduire sur beaucoup de points différents, et que l’EM Lyon pourrait effectivement me permettre de devenir une entrepreneuse à part entière.
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