J'ai grandi au Québec puis à Grenoble. Après avoir obtenu mon bac à 15 ans, j'ai arrêté mes études pour faire du sport à haut niveau jusqu'à ce qu'une blessure me renvoie sur les bancs de l'école. J'ai fondé Réussir Mes Études en janvier 2012, avant d'intégrer l'emlyon et de décider de faire de l'écriture mon métier.
Cet article est le second d’une série de six articles consacrés à la réussite de la première année d’études de médecine : après un petit article introductif, nous entrons enfin dans le vif du sujet : le travail en P1 !
Pour savoir à quoi vous attendre pendant le cursus médical, lisez mon article S’engager dans des études médicales, évoquant la quantité de travail, la dimension psychologique, scientifique et humaine etc.
La P1 doit se préparer dès le mois d’août : Trouvez un moyen d’accéder aux cours de l’année à venir (ou à défaut ceux de l’année passée) et familiarisez-vous avec le programme de l’année. Les programmes évoluent généralement assez peu. Si vous êtes à la faculté de Grenoble, sachez que vous pouvez trouver les cours du DVD des années passées ici. Vous vous rendrez rapidement compte de la masse de choses à apprendre. Je vous conseille de commencer dès le mois d’août à apprendre les cours des disciplines qui demandent beaucoup de travail d’apprentissage par cœur (la chimie et l’histologie par exemple) et les disciplines qui nécessitent une très bonne compréhension : la physique et les mathématiques.
Vous allez devoir rapidement trouvez votre méthode de travail. Il existe autant de méthodes de travail que d’étudiants, néanmoins il y a quelques points communs aux méthodes de ceux qui ont réussi leur P1 :
Comprenez avant d’apprendre par cœur : Il est inutile d’apprendre par cœur des cours que vous ne comprenez pas. Si une notion n’est pas très claire dans un cours, n’hésitez pas à prendre quelques minutes pour trouver des informations supplémentaires sur internet ou dans des livres. Officiellement, vous n’avez pas besoin de livres supplémentaires pour préparer votre P1, mais en pratique, il est très utile voire indispensable d’avoir au moins les livres suivants.
Un atlas d’anatomie : comptez entre 60 et 90€ pour un bon livre. L’Atlas d’anatomie humaine de Franck Netter (éditions Masson) est l’ouvrage de référence en matière d’anatomie. Ce livre vous servira tout au long de votre cursus médical.
Un atlas de biochimie : la biochimie est une discipline complexe, intégrant une foultitude de mécanismes. Je vous recommande l’achat d’un livre complet sur la biochimie (pas un livre portant uniquement sur les cours de PACES) avec beaucoup de schémas, car vous n’aurez de cesse de vous y référer en P1 et dans les années ultérieures. Comptez entre 30 et 50€ pour un bon livre. Personnellement j’utilise l’Atlas de biochimie humaine de J.Koolman (éditions Lavoisier)
Ne faites aucune impasse: Dites-vous bien que chaque cours travaillé vous fait gagner des places au concours. Ne faites pas d’impasse sur les cours faciles car ils sont travaillés par tous les étudiants et vous risqueriez de perdre des places. Ne faites pas non plus d’impasse sur les cours difficiles car beaucoup d’étudiants ne les travaillent pas (généralement la biochimie et la biophysique) et cela vous permettra de gagner des places.
Faites travailler votre mémoire : étant donné la masse d’informations à retenir, votre apprentissage doit être actif. Mobilisez un maximum d’activités intellectuelles pour mémoriser les informations
Lisez votre cours attentivement, en faisant des liens avec le contenu des autres cours. N’hésitez pas à lire à haute voix avec le ton et les gestes, à déambuler dans la pièce, voire même à déclamer vos cours comme un professeur. Certains étudiants s’enregistrent pour se réécouter plus tard.
Chantez vos cours sur des airs que vous aimez
Surlignez et/ou soulignez les mots clés sur vos polycopiés
Réécrivez le plan et les mots clés, redessinez les schémas, les dessins anatomiques etc. (Je vous conseille pour cela l’achat d’un tableau blanc)
Faites des fiches murales : n’hésitez pas à accrocher chez vous de grandes feuilles de papier avec des schémas colorés reprenant des points difficiles de vos cours, ou avec les nombres que vous devez retenir par cœur écrits en gros et en couleur par exemple. Assurez-vous qu’elles soient bien en vue, de façon à ce que vos yeux se posent régulièrement dessus : sur un mur, une porte, une lampe de bureau, un miroir etc. C’est un des moyens que je trouve les plus efficaces pour stimuler la mémoire à long terme, et qui vous permettra de vous souvenir de petits détails pendant des années.
Usez et abusez des moyens mnémotechniques : cherchez sur internet des moyens mnémotechniques existants ou créez en vous-même de nouveaux, pour retenir par exemple la liste des acides aminés essentiels (Le très lyrique Tristan fait vachement méditer Iseult), ou la classification périodique des éléments (apprendre par cœur les 4 premières lignes vous fera gagner beaucoup de temps au concours).
Utilisez les anecdotes, les blagues, les jeux de mots… : souvent les profs illustrent leurs cours par des anecdotes (personnelles, professionnelles, historiques ou culturelles), certains font des blagues ou des jeux de mots. Les relire et les associer mentalement aux cours peut vous aider à marquer votre mémoire.
Regardez sur internet des vidéos abordant le sujet du cours.
Faites réviser vos camarades de P1 en les interrogeant : certains étudiants choisissent de réviser en groupe. Attention, ne perdez jamais de vue que vous êtes tous concurrents.
Toutes ces activités mobilisent des zones différentes de votre cerveau qui sont autant de portes d’entrées vers les centres de la mémoire
Retenez le nom des professeurs : il arrive que deux cours se contredisent. Dans ce cas, je vous recommande d’apprendre les deux informations de façon indépendante, avec le nom des profs : au concours, le nom du prof qui a posé la question est toujours indiqué. Bien sûr, pour votre connaissance personnelle, il est préférable de chercher dans vos livres ou sur internet lequel des deux a raison.
Faites des fiches : la très grande majorité des étudiants reçus au concours font des fiches. Elles servent non seulement à stimuler votre mémoire par l’écriture, mais aussi à créer un support pour réviser efficacement quand le moment sera venu. Là encore, il existe autant de méthodes que d’étudiants. Personnellement, pour optimiser mes fiches, je suivais les règles suivantes :
Être exhaustif : presque tout le contenu des cours doit être repris dans les fiches, quitte à s’affranchir d’une syntaxe correcte et à utiliser abusivement des abréviations et des acronymes. N’oubliez pas que chaque détail omis est un risque de perdre des places au concours.
Faire tenir un maximum d’information sur un minimum de surface. Certains étudiants choisissent aussi de n’écrire qu’au recto de la feuille, de façon à pouvoir mettre les fiches côte à côte pour voir d’un seul coup d’œil le cours entier : cela permet de mieux les assimiler.
Être lisible et facilement modifiable : la réalisation des fiches ne doit pas prendre trop de temps. Il est préférable d’adopter un code simple dès le début de l’année et de s’y tenir jusqu’au moins de juin (un code couleur et de style d’écriture par exemple). Si vous êtes à l’aise en informatique, je vous recommande de faire des fiches directement à l’ordinateur (il sera plus facile pour vous de les modifier ultérieurement, de les réimprimer proprement etc).
Fixez vous des objectifs à moyen terme (le dimanche, pour la semaine) et à court terme (le matin, pour la journée) : vos objectifs d’apprentissage doivent être qualitatifs et non quantitatif. Autrement dit, plutôt que de vous fixer une durée de travail par jour, fixez-vous des objectifs en termes de chapitres appris : par exemple dites vous « aujourd’hui, je dois apprendre les chapitres 4 à 8, quel que soit le temps que cela va me prendre ». Soyez réaliste dans vos objectifs : si vous les atteignez plus tôt que prévu, profitez en pour vous avancer sur la suite. Dans tous les cas, évitez de revoir ces objectifs à la baisse.
Ne comptez pas vos heures : attendez-vous à travailler en moyenne 10h par jour, 7 jours sur 7, sans vacances jusqu’au concours. Néanmoins, 10h par jour n’est qu’une moyenne : certains étudiants ne travaillent jamais plus de 7 heures, d’autres jamais moins de 12 ou 13 heures par jour. De plus, certains cours s’avèreront parfois plus difficiles qu’ils s’en avaient l’air : ne renoncez pas à vos objectifs, quitte à y consacrer 2 ou 3 heures de plus que prévu.
Évaluez vos connaissances : il est important que vous soyez sûr de vos connaissances, et que vous sachiez en permanence votre rang dans le classement de votre promotion.
Soyez exigent avec vous-même : en P1, chaque mot compte, que ce soit dans les cours, dans les questions, ou dans les réponses des épreuves. Il arrive même que la position d’une virgule dans la phrase ai de l’importance aux yeux du professeur. Apprenez également à repérer les pièges, en particulier dans les énoncés précédant les QCM : par exemple, certains profs demandent parfois de sélectionner les items faux (au lieu des items justes).
Allez à toutes les séances de tutorat : si votre faculté met en place un système de tutorat vous donnant votre classement dans la promotion, ne manquez aucune séance : les séances sont généralement supervisées par les professeurs. A Grenoble en 2011, 168 des 169 étudiants reçus avaient assisté à toutes les séances de tutorat (et 1 étudiant avait manqué 1 séance ^^).
Faites des colles : si vous êtes inscrit dans une prépa privée proposant des colles, faites en le plus possible, à moins que votre faculté n’organise déjà des séances de tutorat, auquel cas celles-ci vous permettront de vous confronter à un maximum d’étudiants, et d’avoir des questions relues et préparées par les professeurs posant les questions au concours.
Faites toutes les annalesdu concours : méfiez-vous des annales datant de plus de 6 ou 7 ans : le programme et les professeurs auront probablement trop changé depuis. Réservez les annales des 2 années les plus récentes pour vos dernières révisions, pendant la dizaine de jours précédant le concours.
Trouvez des méthodes pour tester vos connaissances chaque jour : un cours su est un cours pour lequel vous pourriez remplacer le prof. Personnellement, en fin de journée, je reprenais le titre de chaque cours et je m’entrainais à le réexpliquer du début à la fin, sans regarder mes fiches bien sûr.
Faites-vous interroger par vos camarades de P1 : certains étudiants aiment travailler en petits groupes, mais ne perdez jamais de vue que vous êtes tous concurrents.
La méthode de travail est un des points clés de la réussite de la P1. Le mieux est de trouver sa propre méthode dès la première semaine de cours, et de l’appliquer tout a long de l’année. C’est là qu’intervient un autre point clé de la réussite de la P1 : l’endurance ! En d’autres termes, il faut tenir le rythme jusqu’au concours et travailler en moyenne 10 heures par jours, 7 jours sur 7, pendant 9 mois, sans vacances. Cela fera justement l’objet du troisième article de cette série sur la réussite de la P1 : comment tenir ce rythme tout au long de l’année ?
Si vous avez des questions ou des remarques sur la PACES, en particulier sur l’utilisation du DVD à Grenoble ou ailleurs, n’hésitez pas à laisser des commentaires.
Cet article est le premier d’une série de six consacrés à la réussite de la première année des études de médecine, mieux connue sous le nom de P1, et officiellement appelée PACES (Première année commune aux études de santé). Restez connectés : un nouvel article paraîtra tous les deux jours.
Pour savoir à quoi vous attendre pendant le cursus médical, lisez mon article S’engager dans des études médicales, évoquant la quantité de travail, la dimension psychologique, scientifique et humaine etc.
Avant de rêver à votre future spécialité médicale, vous devez commencer vos études de médecine par le commencement : la première année des études médicales (la PACES = la P1). Tout bachelier peut s’inscrire en PACES. C’est un des principes de l’accès à l’enseignement universitaire français. La P1 est commune à quatre cursus, et ce n’est qu’à la fin de l’année que vous choisirez entre médecine (pour devenir médecin), odontologie (pour devenir dentiste), maïeutique (pour devenir maïeuticien, aka sage-femme) et pharmacie (pour devenir pharmacien).
Contrairement aux licences, la P1 est sanctionnée par un concours, et seuls les étudiants réussissant ce concours seront admis en deuxième année. Le numerus clausus (nombre d’étudiants reçus au concours) de chaque université est fixé en début d’année par l’Etat. Vous trouverez sur le site remede.org les numeri clausi de toutes les Universités. Notez que chacune des quatre filières a son propre numérus clausus. Vous pouvez choisir de vous inscrire à une ou plusieurs filières. La plupart des épreuves du concours sont communes à toutes les filières, mais chaque filière possède quelques épreuves supplémentaires qui lui sont spécifiques. Selon les villes et les filières, il est plus ou moins difficile de réussir le concours. Prenons par exemple les facultés de médecine de Grenoble et de Nantes, en 2010-2011 : à Grenoble le numerus clausus de médecine était de 169 pour 1410 candidats (soit 12% de reçus), tandis qu’à Nantes, le numerus clausus de médecine était de 216 pour 882 candidats (soit 25% de reçus). (Plus de chiffres sur la PACES)
En médecine, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus…
Mettez-vous donc tout de suite dans la tête qu’il y a très peu de places au concours, et que chaque centième de note, chaque détail de cours, chaque remarque des profs est importante. Tous les autres étudiants inscrits en P1 souhaitent autant que vous devenir médecin, et sont prêts à tout pour que vous perdiez des places au concours, et donc des chances de passer en P2.
Enfin, n’oubliez pas que vous seul pouvez réussir votre P1. Vous êtes à la faculté, autrement dit vous êtes « entièrement livré à vous-même », ce qui peut faire un choc par rapport au lycée : aucun cours n’est obligatoire, personne ne vérifie que vous travaillez dans les temps, personne ne vous donne de bonne ou de mauvaise appréciation, et rien n’est généralement prévu pour vous aider individuellement, ou vous soutenir psychologiquement. Selon les universités, vous suivrez les cours soit seul chez vous avec un DVD (comme à Grenoble, sans réelle contrainte d’emploi du temps), soit dans des amphis bondés, avec parfois une vidéo en guise de prof, et où les chances de suivre correctement le cours sont inversement proportionnelles au rang auquel vous êtes assis dans l’amphi (dans la très grande majorité des facultés). Vous devez donc être capable de vous imposer à vous-même des contraintes de travail. Sachez également qu’en tant que P1, vous n’êtes pour ainsi dire « rien » car vous n’avez pas fait vos preuves tant que vous n’avez pas réussi le concours. Néanmoins, les étudiants en médecine plus âgés (et les professeurs) sont conscients de la difficulté de la PACES, pour en avoir fait une eux-même, et seront donc relativement compréhensifs.
Si vous échouez au concours, vous avez le droit de redoubler votre P1 (les primants sont appelés «bizuts», et les doublants sont appelés «carrés»). Attention, vous n’avez droit qu’à un seul redoublement. Au bout du deuxième échec, vous n’avez d’autre choix que de vous réorienter.
Pour réussir votre P1, vous devez vous fixer comme objectif la réussite du concours en 1 an. Si vous commencez l’année en vous disant « de toute façon, je l’aurai en 2 ans », non seulement vous serez certain de rater votre première P1, mais vous aurez également de bonnes chances de rater la seconde. Vous ne pouvez pas réussir votre P1 si vous-même n’y croyez pas.
Attention, croire en la réussite de votre P1 ne signifie pas ne pas avoir de plan B : quels que soient vos résultats pendant l’année, même si vous êtes major de promo, vous devez avoir une idée de réorientation possible(pour plus de détails, je vous renvoie à la lecture de mon article Se réorienter après la PACES).
Sachez d’ores et déjà qu’il est impossible de réussir une P1 si vous n’avez pas acquis les cours de mathématiques, de physique et de chimie du programme de terminale S. Très exceptionnellement, quelques étudiants ayant un bac ES (parfois L) et ayant rattrapé leur retard en sciences (maths, physique, chimie) pendant l’été réussissent le concours. Remarquez que la plupart des enseignements de SVT du lycée sont inutiles pour le cursus médical : vous apprendrez d’ailleurs que beaucoup de sujets scientifiques sont tellement vulgarisés au lycée qu’ils en deviennent faux. D’ailleurs, les statistiques montrent que les étudiants ayant fait une spécialité Maths ou Physique en terminale réussissent bien mieux que ceux ayant fait une spécialité SVT.
On note par ailleurs une association entre la mention au bac et la réussite du concours de 1ère année. Voilà les résultats d’une étude menée en 2010 à la faculté de médecine de Paris-VI :
Bac S mention Très Bien : 57,1% de bizuts reçus, 100% de carrés reçus
Bac S mention Bien : 19,1% de bizuts reçus, 73% de carrés reçus
Bac S mention Assez Bien : 6,5% de bizuts reçus, 38,5% de carrés reçus
Bac S sans mention : 0,5% de bizuts reçus, 12,8% de carrés reçus
Sachez également que bon nombre d’élèves brillants en terminale échouent au concours, parfois même de très loin. Inversement, chaque année, quelques étudiants ayant eu leur bac de justesse réussissent leur P1. Cela tient probablement au fait que les premiers étaient déjà à fond en terminale alors que les seconds en étaient loin.
Dans tous les cas, votre P1 promet d’être difficile, et la réussir relève parfois du parcours du combattant. Je vous propose donc trois points clés pour réussir le concours de P1, qui feront chacun l’objet d’un article : une méthode, de l’endurance au travail, et de la motivation. Les deux articles suivants contiendront quelques conseils pratiques pour les révisions, le jour du concours et l’après-P1.
Si vous avez des questions ou des remarques sur la PACES, en particulier sur l’utilisation du DVD à Grenoble ou ailleurs, n’hésitez pas à laisser des commentaires.
Pour plus d’informations sur le cursus médical et pour savoir ce qui vous attend vraiment à la fac de médecine et à l’hôpital, je vous renvoie à mon article intitulé S’engager dans des études de médecine.
Besoin d’un coup de pouce pendant vos révisions ? Peut-être avez-vous pensé aux médicaments, peut-être même n’avez-vous pas fait qu’y penser.
Aucune pilule n’est estampillée « réussite académique » : le NZT, fameuse pilule qui décuple les facultés cognitives dans le film Limitless, n’a pas son équivalent dans la réalité. Pourtant certains étudiants prennent des médicaments pour se donner un coup de fouet, diminuer leurs besoins en sommeil, lutter contre le stress à l’approche des examens…
S’il vous arrive d’errer sur les forums étudiants pendant les périodes de révision, vous aurez probablement lu des avis contradictoires sur telle ou telle pilule. Cet article est le second d’une série visant à clarifier tout ça. Quelles sont les médicaments prisés par ces étudiants ? Comment fonctionnent-ils ? Quels sont les risques associés à leur consommation ?
Après avoir parlé dans un précédent article des pilules qui ne fonctionnaient que par effet placebo (les désormais célèbres compléments alimentaires), je souhaite aborder ici les stimulants, des pilules qui ont de vrais effets, en trois points :
Les antiasthéniques, en particulier la caféine en boisson ou en comprimé
Les smart-drugs, en particulier les médicaments de la narcolepsie
Les statistiques d’utilisation de stimulants chez les étudiants français, selon les filières
Cet article est la suite de l’article sur le dopage placebo.
Le Guronsan® et le Sarvit ® sont deux antiasthéniques (anti-fatigue) identiques, vendus sans ordonnance, très prisés par les étudiants et les cadres.
Il s’agit de comprimés effervescents contenant essentiellement de la vitamine C et de la caféine, responsable des effets recherchés (ils contiennent aussi du glucuronamide, sans intérêt propre démontré : on pense qu’il améliore les fonctions de détoxification du foie). Notez que la caféine pharmaceutique, autrement dit celle qu’on trouve dans ces comprimés, estexactement la même que celle du café, du thé et autres boissons de ce genre (la caféine et la théine sont deux noms différents pour une seule et même chose). Un comprimé de Guronsan ® contient 50 mg de caféine, soit autant qu’un thé, un chocolat chaud, ou une canette de coca-cola. A titre de comparaison, un expresso contient normalement 100mg de caféine, et une canette de Red Bull 80mg.
Contrairement aux vitamines, la caféine a un effet direct sur le cerveau, en améliorant le niveau d’éveil et donc les performances intellectuelles. Attention, la caféine se contente de ralentir la sensation de fatigue, sans pour autant éliminer le besoin de dormir. De plus, si l’on consomme régulièrement une même quantité de caféine, le cerveau développe une tolérance : il s’adapte de façon à maintenir les réactions normales de fatigue, malgré la dose de caféine à laquelle il est habitué. Autrement dit, la caféine a de moins en moins d’effets. Pire, l’arrêt d’une consommation habituelle de caféine entraine un syndrome de sevrage avec non seulement de la fatigue, mais aussi des maux de tête, des nausées, voire des troubles neuropsychologiques (anxiété, irritabilité, incapacité à se concentrer etc). Ce sevrage dure quelques jours, pendant lesquels les performances cérébrales sont nettement diminuées. Pour éviter ce syndrome, il faut diminuer les doses de caféine progressivement, sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Si besoin, remplacez le café par du thé. En effet, même si les feuilles de thé contiennent plus de caféine que les grains de café, les effets du thé sont plus doux : d’une part la caféine y est plus diluée que dans le café, d’autre part le thé contient des molécules qui ralentissent l’absorption de la caféine.
Que ce soit en boisson ou en comprimé, une surconsommation de caféine mène tout droit à l’intoxication : insomnie, troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements…), palpitations, troubles neuropsychiatriques exacerbés (irritabilité, anxiété, agitation)… . Ces manifestations sont franches dès 600mg de caféine par jour (soit 12 comprimés ou 6 cafés). Néanmoins, je vous conseille de limiter votre consommation de caféine à 200mg par jour (soit 2 cafés par jours), et surtout de ne jamais en prendre à moins de 6 heures avant de vous coucher.
A long terme, une consommation fréquente de caféine n’est pas sans conséquences, en particulier sur la mémoire et les capacités d’apprentissage. Beaucoup d’études ont été menées à ce sujet, mais leurs résultats sont contradictoires : il semble qu’à long terme la caféine diminue la mémoire et augmente sensiblement le phénomène dit du « mot manquant » (le fameux mot sur le bout de la langue). Notez que d’autres études contredisent ces résultats, et que les chercheurs ne sont pas d’accord entre eux à ce sujet. D’autres pistes de recherche existent sur un possible effet bénéfique sur la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, et les pathologies cardiovasculaires : encore une fois, aucun de ces effets n’a été très sérieusement démontré par plusieurs études.
Sachez également que les effets du café en termes de santé cardiovasculaire et d’épuisement ne sont pas négligeables : à titre d’illustration, Balzac est mort à 51 ans à cause de sa vie hyperactive, de son manque de sommeil et de sa prise quotidienne de grandes quantités de café, quelle que soit l’heure pour dormir le moins possible. Relisez à ce sujet son Traité des excitants modernes (4e partie).
II. Les smart-drugs : médicaments de l’intelligence
Les smart-drugs (comprenez « médicaments de l’intelligence ») sont des produits licites, normalement prescrits dans les troubles du sommeil (narcolepsie, hypersomnie). Contrairement au Guronsan®, ces médicaments ne sont pas du tout faits pour aider les étudiants ou les cadres à être plus efficaces dans leur travail. Leur utilisation à ces fins relève du mésusage médicamenteux. La plupart ne sont vendues que sur prescription médicale, ont des indications pathologiques précises, et ne doivent être prises que sous contrôle médical. Néanmoins, il est on-ne-peut-plus facile de s’en procurer sur internet.
Ils agissent directement sur les neurones, en augmentant la quantité de monoamines au niveau des connexions synaptiques, en particulier la dopamine et la noradrénaline. Il en résulte un effet réel sur l’activité cérébrale : accélération de la perception, surexcitation, amélioration de la vigilance, de la clairvoyance et des performances cognitives (en particulier la mémoire). Ils ont pour but de lutter contre la fatigue, d’augmenter la concentration et l’attention.
L’une des smart-drugs les plus utilisées est le Méthylphénidate (Ritaline ®, Concerta ®), utilisé pour traiter les enfants hyperactifs ou la narcolepsie. Son mécanisme d’action sur le cerveau est le même que celui de la cocaïne. A ce titre, il entraine des troubles cardiaques (tachycardie), digestifs (nausées, vomissements), et neurologiques à forte dose ou à long terme : spasmes musculaires, troubles de la vision, nervosité, anorexie, insomnie, crises d’angoisse, épuisement… . Notez qu’à cause de l’importance des détournements et mésusages (notamment par les étudiants), le méthylphénidate est sur la liste des médicaments surveillés de près par l’AFSSAPS.
A titre d’illustration, voyez l’épisode de Dr House sur le sujet (épisode 11, saison 2), où une patiente est victime entre-autre des conséquences de son dopage au méthylphénidate : spasmes, hypervigilance, irritabilité, complications cardiovasculaires… . Certains psychiatres sont farouchement opposés à l’utilisation de méthylphénidate, même pour les enfants hyperactifs ou les personnes narcolpetiques. En effet, étant donné son mode d’action, il endommagerait à long terme les systèmes dopaminergiques et donc augmenterait les risques d’addiction (drogues, alcool…) par la suite (aucune étude chiffrée n’a été menée à ce sujet). De plus, certaines études contradictoires ont montré d’autres effets négatifs à long terme, à type de retard de croissance de l’enfant, de cancer etc
Une autre smart-drug très prisée des étudiants est le Modafinil (Provigil ®, Modiodal ®, Alertec ®), surnommé « le viagra du cerveau » : ces dernières années, le mésusage de Modafinil a explosé en Amérique du Nord et en Europe, car il semble avoir moins d’effets indésirables que le Méthylphénidate ou les Amphétamines : il ne provoquerait ni euphorie intense au moment de la prise, ni « gueule de bois » au réveil. Notez que j’utilise le conditionnel car son mécanisme d’action esttrès mal connu : sans entrer dans les détails techniques, il ressemblerait à celui des amphétamines, en inhibant la recapture de monoamines, en particulier la dopamine et la noradrénaline (Pour plus d’informations, lisez cet article). Etant donné la demande croissante d’information sur le Modafinil sur les forums étudiants, je m’attarderai davantage sur ce médicament que sur le précédent.
Le Modafinil a été développé dans les années 1970 en France (cocorico !), et il a été utilisé dans de multiples domaines :
Usage militaire : il a été utilisé par les soldats français pendant la Guerre du Golfe et par les soldats américains en Irak et en Afghanistan, pour leur permettre d’être opérationnel pendant 35 heures sans dormir. Notez qu’il est toujours utilisé par l’armée américaine (surtout l’Air Force), les astronautes canadiens, les forces armées aériennes britanniques, et la légion étrangère française.
Usage médical : les indications approuvées pour le Modafinil étaient à l’origine assez larges, allant de l’hypersomnie aux troubles hyperactifs, en passant par l’apnée du sommeil. Néanmoins, l’EMA (Agence européenne des Médicaments) recommande désormais de ne le prescrire que pour la narcolepsie, à cause des risques de réactions allergiques graves et de troubles neuropsychiatriques (j’y reviendrais).
Détournement toléré : aux Etats-Unis, la FDA (sorte d’agence de règlementation des médicaments) tolère l’utilisation du Modafinil par les personnes ayant un emploi avec des horaires décalées (pompiers, personnel d’hôpital etc)
Dopage : on a remarqué ces dernières années une augmentation de l’usage détourné de Modafinil, notamment par des sportifs (la sprinteuse Kelli White, le cycliste David Clinger, la basketteuse Diana Taurasi…), mais aussi des cadres et des étudiants.
Le Modafinil est-il efficace pour améliorer les performances cognitives ?
Les études sont parfois contradictoires à ce sujet : certaines fonctions cognitives sont améliorées, alors que d’autres sont ralenties. Remarquez que selon une étude de 2005, les effets bénéfiques ne se trouveraient que chez les personnes ayant un « petit QI » (100-112) : cette étude rétrospective menée sur des étudiants volontaires en bonne santé soumis à une batterie de tests cognitifs a montré que globalement le nombre d’erreur aux tests est diminué, mais qu’en réalité, cela est dû à l’amélioration des résultats chez les étudiants avec un petit QI, et très peu à l’amélioration des résultats de ceux ayant un QI élevé (> 112). Je vous recommande la lecture de cette étude très intéressante.
Quels sont les risques liés à la prise de Modafinil ?
Depuis plusieurs dizaines d’années ont été menées des études sérieuses sur les effets indésirables de ce médicament mais les résultats ne sont pas toujours concordants. Il y a néanmoins certains effets indésirables récurrents dans la littérature scientifique. En voilà un petit résumé :
Maux de tête : c’est un effet indésirable très fréquent du Modafinil.
Palpitations et douleurs thoraciques : en général, la prise de Modafinil requiert une surveillance régulière de l’état cardiovasculaire. Le Modafinil est donc contre-indiqué en cas de problèmes cardiovasculaires. Sachez également que la prise d’alcool est déconseillée, à cause de ce risque cardiovasculaire.
Vertiges, somnolence, fourmillements, vue trouble
Douleurs abdominales, nausées, sécheresse buccale, diarrhée/constipation, diminution de l’appétit
Ces effets indésirables sont les plus fréquents, et sont liés à la dose de Modafinil prise. D’autres effets indésirables plus graves mais un peu moins fréquents ont également été décrits.
Je souhaite insister sur un effet indésirable très grave dont on ne connait pas la fréquence : les réactions allergiques sévères, essentiellement dermiques, à type de nécrolyse épidermique toxique, d’érythème multiforme, de syndrome de Stevens-Johnson, de syndrome DRESS et de réactions multiviscérales d’hypersensibilité. Ces réactions sont très graves, parfois mortelles. Il faut arrêter la prise du médicament dès les premiers signes d’allergie et les réactions cutanées : la plupart du temps, les signes apparaissent au bout de quelques jours ou de quelques semaines, avec une fièvre, des éruptions cutanées, des œdèmes notamment au visage et à la gorge etc.
Le Modafinil est également responsable de l’apparition et de l’aggravation d’affections psychiatriques, à type de dépression avec notamment des intentions suicidaires, d’anxiété majeure, de comportements agressifs, de psychose (avec délire, hallucinations, manie…), d’insomnies… .
Notez que le modafinil augmente l’activité enzymatique hépatique, et donc le métabolisme de certains médicaments : autrement dit, il y a des interactions médicamenteuses. Il peut donc y avoir une diminution de l’efficacité des contraceptifs oraux (donc un risque de grossesse non désirée), de certains antidépresseurs, d’anticoagulants, de médicaments du système cardio-vasculaire, de benzodiazépines, d’antiépileptiques etc. Sachez également que le Modafinil est contre-indiqué en cas de grossesse ou d’allaitement, par précaution, faute de données cliniques sur les risques dans ces situations.
Enfin, sachez que nous n’avons pas de recul sur les effets du Modafinil à long terme, mais étant donné ses effets dopaminergiques, le Modafinil est potentiellement addictif à long terme, en particulier chez les personne ‘vulnérables’. Néanmoins, les autres effets du Modafinil, en particulier sur la noradrénaline et l’histamine, diminuerient les risques d’abus par rapport aux stimulants traditionnels, tout en maintenant les effets du médicament. Les études semblent toutes montrer qu’il n’y a pas de potentiel addictif chez les individus naifs.
Pour plus d’informations sur le Modafinil, lisez ces notices : ici et là. Retenez surtout qu’en prenant du Modafinil sans surveillance médicale, vous vous exposez à des risques potentiellement graves à court et à long terme.
Même si le Méthylphénidate et le Modafinil sont les deux smart-drugs privilégiées en Europe, d’autres stimulants moins utilisés peuvent servir à améliorer les capacités intellectuelles des étudiants, comme la cocaïne et les amphétamines. Néanmoins, elles sont peu utilisées à des fins académiques : d’une part elles sont plus difficiles d’accès, d’autre part elles ont plutôt mauvaise réputation, et sont très connotées toxicomanie. A cela s’ajoutent des effets indésirables considérables. Notez que les étudiants américains sont de grands consommateurs d’Adderall ®, un mélange de 4 amphétamines normalement utilisé pour traiter les enfants hyperactifs ou la narcolepsie.
Tous ces stimulants augmentent les taux de dopamines présents dans le cerveau, en particulier dans le système dit de ‘récompense’ (impliqué dans la sensation de plaisir). En conséquence, ils sont responsables d’une dépendance psychique et physique : lorsque le consommateur ne prend pas ses comprimés, non seulement il est fatigué et somnolent, mais en plus il ne se sent psychologiquement pas bien, voire pas bien du tout, au point de devoir absolument prendre ses médicaments. Autrement dit, il est enmanque.
III. Les statistiques du « dopage-étudiant »
L’Observatoire national de la Vie Etudiante réalise régulièrement des études sur la population étudiante. Voilà les résultats d’une étude menée en 2006 : les étudiants les plus friands en stimulants sont…
Les étudiants en santé (médecine, pharmacie, paramédical etc) : 24,8% d’entre eux déclarent en prendre
Les étudiants en CPGE : 22,1% d’entre eux déclarent en prendre
Les étudiants en droit et en sciences politiques : 20,0% d’entre eux déclarent en prendre
Type d’études et consommation de stimulants
Voilà une très bonne parodie de Limitless sur l’utilisation du Guronsan chez les étudiants de 1ère année de médecine (aka les P1) :
Toutes filières confondues, 16% des étudiants déclarent consommer des stimulants à l’approche des examens.
Si le sujet des psychostimulants et du dopage étudiant vous intéresse, je vous recommande la lecture des articles suivants
« An Ethical Look At Cognitive Stimulants », sur le site The technological citizen : partie 1 et partie 2
« Brain gain » , du journal Newyorker (attention, l’article fait plusieurs pages : il raconte notamment le cas très intéressant d’un brillant étudiant du Harvard sous Adderall)
CONCLUSION
La consommation de stimulants par les cadres ou les étudiants relève d’un véritable dopage, puisqu’il s’agit de prendre un produit pour améliorer ses performances, pour passer un obstacle, par exemple un examen. Certes leur prise n’a rien d’illégal, mais cela soulève des questions éthiques. Certains professeurs suggèrent d’ailleurs l’utilisation de véritables tests anti-dopage, par exemple avant les concours (un petit exemple parmi d’autres ici). Pour rappel, la caféine, le méthylphénidate et le modafinil sont classés « produits dopants » par l’Agence Mondiale Anti-dopage.
Une consommation répétée de ces molécules mènent droit à la dépendance psychique (mis à part la caféine qui n’induit qu’une dépendance physique). Ne vous y trompez pas : on devient accro au médicament sans s’en rendre compte. Au début vous avez le contrôle, alors vous continuez à consommer car cela vous aide psychologiquement voire physiquement, jusqu’au jour où vous avez besoin de votre pilule, ne serait-ce que pour être dans un état relativement normal. Être accro à un médicament, alors que vous n’en aviez pas besoin au départ, relève de la toxicomanie.
Pour être en forme pendant vos révisions, je vous recommande de dormir autant que vous en avez besoin (ce qui n’est hélas pas toujours faisable…), d’éventuellement prendre un café ou un thé de temps en temps (jamais plus de 2 par jour), et surtout de manger équilibré toute l’année(ne négligez pas les sources d’oméga-3, pour le cœur bien plus que pour le cerveau). Si vous avez des carences, prenez les compléments alimentaires adaptés.Quoi qu’il en soit,aucune molécule ne pourra remplacer le travail avant un examen.
Mon prochain article portera sur les médicaments servant à lutter contre l’angoisse et le stress liés aux examens, mais aussi à la prise de stimulants, notamment la caféine.
Notez que cet article n’aborde pas les médicaments utilisés dans les pathologies affectant vraiment la mémoire, comme la démence sénile et la maladie d’Alzheimer : sulbutiamine (Arcalion ®), Tanakan ® etc .Peu d’étudiants les utilisent pour améliorer leurs performances. De plus, la plupart d’entre eux ont sont encore à l’étude et ont un effet plutôt léger, que l’on constate uniquement chez les personnes dont la mémoire est affectée par une pathologie ou un vieillissement accéléré.
Si vous avez des questions ou des remarques sur cet article ou sur les médicaments évoqués précédemment, n’hésitez pas à laisser des commentaires.
Besoin d’un coup de pouce pendant vos révisions ? Peut-être avez-vous pensé aux médicaments, peut-être même n’avez-vous pas fait qu’y penser.
Aucune pilule n’est estampillée « réussite académique » : le NZT, fameuse pilule qui décuple les facultés cognitives dans le film Limitless, n’a pas son équivalent dans la réalité. Pourtant certains étudiants prennent des médicaments pour se donner un coup de fouet, diminuer leurs besoins en sommeil, lutter contre le stress à l’approche des examens…
S’il vous arrive d’errer sur les forums étudiants pendant les périodes de révision, vous aurez probablement lu des avis contradictoires sur telle ou telle pilule. Cet article est le premier d’une série visant à clarifier tout ça. Quelles sont les médicaments prisés par ces étudiants ? Comment fonctionnent-ils ? Quels sont les risques associés à leur consommation ?
Ce premier article est consacré aux compléments alimentaires, en particuliers ceux censés améliorer vos performances intellectuelles.
Un marché pseudo-médicamenteux en pleine expansion
Les compléments alimentaires : ça marche ?
Le cas des compléments alimentaires « spécial étudiant »
Un marché pseudo-médicamenteux en pleine expansion !
Certaines pilules sont plus faciles à se procurer que d’autres, à commencer par les compléments alimentaires. Vous pouvez les acheter sur internet, en pharmacie sans ordonnance, voire même pour certains dans les grandes surfaces.
Le marché des compléments alimentaires a littéralement explosé en Europe et en Amérique du nord, avec différentes modes successives : vitamines, oligoéléments, acides-aminés et plus récemment les oméga-3. A titre d’illustration, en 2006, un français sur cinq a consommé un complément alimentaire, 210 millions de boîtes ont été vendues, et le marché représentait plus d’un milliard d’euro. Les laboratoires pharmaceutiques se sont évidemment jetés sur cette nouvelle manne, qui connait une forte croissance avec en plus des marges élevées, tant pour les industriels que pour les distributeurs (plus d’infos sur le marché français des compléments alimentaires).
C’est d’autant plus intéressant pour les industriels, que les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Pourquoi ? Parce qu’à la différence des médicaments, ils n’ont pas d’action pharmacologique et donc pas d’utilité médicale (je reviendrai sur ce point dans la suite de l’article). Les compléments alimentaires n’ont qu’une action physiologique, autrement dit, ils apportent quelque chose qui est normalement apporté par l’alimentation. D’ailleurs, tout bon laboratoire qui se respecte doit indiquer sur la notice des compléments alimentaires qu’ils ne remplacent pas une alimentation variée et équilibrée, qu’ils n’ont aucun intérêt curatif ou préventif (autrement dit, cela ne guéri pas et cela n’empêche pas d’avoir des maladies). Il est même légalement interdit aux industriels de dire le contraire.
Cependant, vous aurez remarqué qu’ils trouvent toujours des astuces, des expressions suggestives pour vous faire croire que cela marche comme un médicament voire que cela marche tout court : non seulement l’aspect est proche d’un médicament (gélule, comprimé… dans une boite type médicament…), mais le message est manipulateur et s’appuie sur le manque de connaissances des consommateurs. Ces laboratoires utilisent les techniques des charlatans des siècles passés: pseudo études cliniques, pseudo jargon scientifique (‘actif’, ‘vitalité’, ‘jeunesse’…)… Par exemple, sous prétexte que « la vitamine E et le sélénium sont reconnus pour leurs propriétés antioxydantes », le laboratoire Oenobiol dit que le complément alimentaire Oenobiol Intensif Nutriprotection est « issu de la recherche scientifique » (lisez le vous-même ici).
Enfin, pour se protéger des accusations de publicité mensongère et pousser un peu plus à la consommation, les laboratoires indiquent généralement qu’il faut faire une cure de plusieurs semaines pour voir les premiers résultats, voire même renouveler la cure « si besoin ».
Ce qui est intéressant, c’est que comme les compléments alimentaires ne sont pas considérés par la loi comme des médicaments mais comme des denrées alimentaires, ils ne sont pas soumis à la règlementation des médicaments. A ce titre, il est donc très facile de faire de la publicité pour les compléments alimentaires et de les vendre non seulement dans les pharmacies mais aussi et surtout dans les grandes surfaces, les magasins « bio » etc (glissons en passant qu’il n’y a rien de moins « naturel » qu’un complément alimentaire).
En réalisant toutes les combinaisons possibles de vitamines, oligo-éléments etc… les laboratoires proposent aujourd’hui des compléments alimentaires pour toutes les situations : vieillissement, fatigue, stress, ménopause, minceur, digestion, problèmes urinaires, sommeil, articulation, vision, peau, libido, cholestérol… Mais un seul type de compléments alimentaires nous intéresse ici : ceux qui prétendent améliorer votre mémoire et vos capacités cognitives.
Les compléments alimentaires : comment ça marche ?
Pour fonctionner, notre corps a besoin de deux types de molécules : les molécules non-essentielles, qu’il sait fabriquer à partir de molécules « banales » (sucres, graisses, protéines) et les molécules essentielles, qu’il ne sait pas fabriquer. Il faut donc que votre alimentation apporte ces molécules essentielles. On en distingue principalement quatre types :
Les vitamines : par définition, votre corps n’est pas capable de fabriquer une vitamine, mais il en a besoin pour faire fonctionner certaines enzymes. Il y a une exception à cela : la vitamine D n’est pas une vitamine mais une hormone, car votre corps sait la fabriquer en grande quantité (sauf chez les personnes âgées).
Les oligo-éléments : ce sont généralement des éléments simples, comme le fer, le magnésium, le sélénium etc
Les acides-aminés essentiels : ce sont des petites molécules comme la phénylalanine, le tryptophane etc
Les acides gras essentiels : il s’agit des oméga-3 et des oméga-6.
Tous ces éléments sont naturellement présents dans une alimentation variée et équilibrée. Que les choses soient donc claires : les personnes en bonne santé (a fortiori jeunes) ayant un régime équilibré n’ont pas besoin de prendre en plus des compléments alimentaires. Certains sont même reconnus comme toxiques dès que l’on dépasse un peu la dose recommandée, comme le sélénium. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Des compléments alimentaires sont utiles dans certaines circonstances, notamment chez la femme enceinte (vitamine B9), ou pour des personnes carencées : troubles alimentaires (anorexie), alcoolisme (vitamine B1), carence martiale (fer), pathologies associées au vieillissement (vitamines D, A etc)…
Qu’en est-il maintenant des compléments alimentaires pour le cerveau ? Les médecins sont catégoriques : cela n’a aucun effet réel sur les performances intellectuelles, mis à part un effet placébo. Autrement dit, le seul effet de ces traitements est de faire croire au sujet qu’ils en ont un. Les escroqueries en la matière sont nombreuses : citons par exemple Phytalzéal ®, Bi-optimum ®, etc. Tous ces cocktails de molécules sont vendus avec une affirmation explicite d’effets sur les capacités mentales, « dans le cadre d’une alimentaire équilibrée » bien sûr (avec ça, allez savoir si l’effet est dû au médicament ou à l’hygiène de vie).
La dernière mode est matière de compléments alimentaires concerne les oméga-3, « bons pour le cœur, bons le corps, bons pour l’esprit » (la dernière de ces 3 allégations est fausse). Les omega-3 sont particulièrement intéressants pour améliorer les fonctions cardio-circulatoires. De plus, ils participent au bon développement du cerveau du fœtus et de l’enfant, et au ralentissement de son déclin après 30 ans. Néanmoins, ils n’amélioreront pas vos performances mentales, ni à court terme, ni à long terme : ils ne feront que ralentir le déclin physiologique. Notez par ailleurs, que plusieurs études ont définitivement éliminé les allégations d’effet des oméga-3 sur l’humeur (certains scientifiques leurs prêtaient des vertus antidépressives ou anxiolytiques).
Mon conseil est donc le suivant : ayez une alimentation équilibrée de façon à éviter les carences. Si vous êtes végétarien ou végétalien, renseignez-vous pour remplacer par des pilules ce que vous ne pourrez jamais trouver dans les végétaux, notamment la vitamine B12. Dans tous les cas, la présence de ces vitamines, oligo-éléments, acides aminés et acides gras essentiels dans votre organisme lui permet de fonctionner normalement et d’éviter certaines défaillances. Mais en aucun cas cela n’augmente vos performances intellectuelles.
Le cas des compléments alimentaires « spécial étudiant »
Il n’empêche que des étudiants se persuadent qu’ils ont besoin de ces pilules, augmentent les doses et prolongent les cures, à la plus grande joie des laboratoires pharmaceutiques qui eux n’ont pas besoin de se doper pour trouver des marchés toujours plus lucratifs. Etant donné la demande croissante, les laboratoires ont commencé à commercialiser des compléments alimentaires, tels que le Memoboost ®, censé améliorer la mémoire, et bien sûr vendu sans ordonnance. Mais le Memoboost ® n’est pas un médicament comme les autres… Vous connaissez des médicaments pour enfants, adulte, senior, hommes, femmes… indiqués en cas de fièvre, de douleur, d’insomnie, etc… . Découvrez maintenant les médicaments spéciaux « pour étudiant », indiqués en cas de « période d’examen » : qui dit nouveau marché dit obligatoirement nouveau type de malade (les étudiants) et nouvelle maladie (les examens !). Oui, en allant sur les sites de pharmacie en ligne, vous trouvez maintenant souvent une rubrique « études – examens », en plus des rubriques classiques (minceur, virilité, stress…).
Prenons l’exemple du Bioptimum®, du laboratoire Boiron. A la base, ce laboratoire a créé deux médicaments : Bioptimum Stress ® et Bioptimum Mémoire ®. Mais avec la demande croissante des étudiants, voire même des lycéens, Boiron a sorti le « Pack spécial examen» (au modeste prix de 30 €), avec une boite de Bioptimum Stress ® et une de Bioptimum mémoire ®. Le laboratoire vous recommande de prendre « 2 comprimés par jour le matin, 25 jours avant la 1ère épreuve, pour optimiser la mémoire et la concentration, puis 4 comprimés par jour pendant 10 jours pour mieux gérer son stress ». A ce rythme-là, il faudra beaucoup de pilules, donc beaucoup d’argent passant de votre poche à celle de Boiron. Bien sûr, Boiron n’a pas testé l’efficacité de ces pilules : lisez ici leur composition. C’est un cocktail vitaminé classique, avec des oligo-éléments et des oméga-3. Bien sûr, comme tous les compléments alimentaires, « Bioptimum ne remplace pas une alimentation équilibrée et variée » (tout bon pharmacien vous le dira). Or, si vous avez une alimentation équilibrée et variée et que vous n’avez pas de carence, votre cerveau fonctionne normalement : l’absorption de tous ces compléments alimentaire sera au mieux inutile (votre intestin ne les absorbera pas, ou votre rein les éliminera dans l’urine), au pire dangereuse (vous pouvez par exemple vous retrouver en hypervitaminose, avec des problèmes systémiques parfois graves). Dans tous les cas, vous avez perdu votre temps et votre argent, pour le plus grand plaisir des laboratoires Boiron ®.
Ce qui est vrai pour le Bioptimum ® est vrai également pour les autres compléments alimentaires ne contenant qu’un cocktail de vitamines, oligoéléments et acides gras essentiels classiques, tels que
Metagenic Metastudent ®, qui selon le laboratoire Metagenic est « idéal pendant les examens »
Cognutril ®, du laboratoire Nutrisan
TonixX Plus ®, qui selon Ixx Pharma doit être pris « pendant la phase d’études préparatoires des examens et durant les examens, durant un long trajet en voiture, lors de périodes de tension et pression mentale intense ».
Après les vitamines, les oligo-éléments et plus récemment les oméga-3, la dernière mode en matière de médicament est la phytothérapie, comprenez le « traitement par les plantes ». Comme toujours, les laboratoires pharmaceutiques ont trouvé là un nouvel argument marketing : ainsi, on retrouve des plantes dans beaucoup de compléments alimentaires.
Avant d’aller plus loin, je me permets une petite digression sur la phytothérapie en général : phytothérapie ne signifie pas « médecine douce » !
Les poisons les plus toxiques au monde sont parfaitement naturels, produits par des jolies petites plantes, des petites animaux colorés tous mignons etc. Citons la morphine, le curare, la digitaline, la conine (dans la fameuse cigüe qui a tué Socrate), les toxines animales (par exemple la tétrodotoxine)…
Certaines molécules naturelles ont des effets bien réels, parfois très dangereux en cas de surdosage (comme le Ginseng), voire même à doses normales : attention aux « potions de virilité », qui comme le Viagra (un médicament) peuvent causer de graves problèmes cardiovasculaires.
L’utilisation d’extraits de plante, plutôt que des molécules identiques synthétisées, pose un gros problème : les extraits de plantes contiennent d’autres molécules, parfois mal connues, qui peuvent être toxiques, présenter une interaction avec la molécule d’intérêt etc. Au contraire, une molécule de synthèse est isolée, purifiée : on sait ainsi très précisément ce que l’on a mis dans le médicament. Le problème des extraits de plante a récemment été soulevé par UFC-Que-Choisir, par exemple dans le cas de la levure de riz rouge, que certaines personnes utilisent pour remplacer les hypocholestérolémiants classiques : le danger est tel que depuis fin 2012, UFC-que-choisir a saisi la Haute Autorité de Santé (Lisez l’article de l’UFC-que-choisir).
En bref, retenez que les arguments « bio », « plante », « médecine traditionnelle »… est avant tout un argument marketing. Sans les diaboliser, ne voyez pas dans les médicaments à base de plante des effets meilleurs que les médicaments de synthèse : au contraire, ils ont parfois tendance à être moins surveillés par les agences de surveillance des médicaments, moins « décortiqués » par les scientifiques, et donc à présenter plus de risques que les médicaments synthétiques.
Les compléments alimentaires pour l’activité cérébrale n’y échappent pas : les laboratoires y mettent maintenant des extraits de plantes, souvent issus de la médecine traditionnelle asiatique. Etant donné l’engouement pour ce genre de médicaments, je vais m’attarder davantage sur les différents composants utilisés et leurs effets potentiels.
Prenons le cas du Memoboost ®. Le laboratoire Arkopharma, leader français sur le marché des compléments alimentaires, a bien compris quels sont les principaux demandeurs de ce genre de pilule : le nom complet du médicament est « Memoboost ETUDIANT Gingko Bacopa », et la notice précise
qu’il est indiqué pour « la mémoire, la concentration, et les étudiants »
qu’il permet de « stimuler vos capacités intellectuelles en cas de surmenage ou période d’examen»
qu’il contient des principes actifs « qui contribuent à stimuler les capacités intellectuelles en favorisant concentration et mémorisation »
qu’il faut doubler les doses (4 gélules par jour au lieu de 2) en période « d’activité intellectuelle intense » (comprenez qu’il faut en acheter 2 fois plus)
La dernière ligne de la notice est on ne peut plus explicite : « le Memoboost est particulièrement recommandé en période de surmenage intellectuel ou d’examen » (lisez vous-même la description du médicament par son laboratoire ici). Notez qu’il s’agit là d’un aspect purement et strictement marketing, et qu’Arkopharma s’est trouvé une deuxième clientèle en manque de mémoire : le laboratoire vend aussi Memoboost Senior®, avec quasi la même composition, préconisant des cures de 1 à 3 mois (2 gélules par jour).
Bien sûr, Arkopharma n’a pas testé ses effets, car il ne contient que des vitamines et oligo-éléments classiques, du Ginkgo biloba (50mg) et du Bacopa (150mg), qui sont deux plantes popularisée par la mode des phytothérapies et des médecines traditionnelles asiatiques. Vous retrouvez ces plantes dans beaucoup de médicaments différents, et pas uniquement pour les capacités mentales. Mais quels sont réellement leurs effets ?
Les extraits de Ginkgo biloba, utilisés dans la médecine chinoise, augmentent le débit sanguin, notamment au niveau cérébral mais leurs prétendus effets sur les performances mentales n’ont jamais été prouvés : depuis plus de 10 ans, leurs pseudo-vertus n’ont de cesse d’être remises en question. En effet, ce sont de puissant antioxydants, autrement dit ils luttent contre certains mécanismes de vieillissement cellulaire (pas contre tous !). On pensait que ces extraits auraient des vertus protectrices contre la démence, la maladie d’Alzheimer, le vieillissement des neurones…, mais toutes les études menées depuis les années 2000 n’ont montré aucun de ces effets (par exemple, cette étude de 2009 ne montre aucun effet sur les fonctions cognitives de l’adulte vieillissant). En 2012 ont été publiés les résultats d’une méta-analyse très sérieuse, qui fait la synthèse de l’ensemble des études portant sur les effets du Gingko biloba sur les performances mentales : elle établit clairement que les effets sur la mémoire et les capacités de concentration et de réflexion sont nuls, et ce quel que soit l’âge ou la dose (lire l’étude).
Quant au Bacopa monnieri, il était à l’origine utilisé dans la médecine indienne contre l’asthme et l’épilepsie. Depuis les années 1960, on pense que les extraits de Bacopa améliorent la mémoire, notamment chez les personnes âgées. Mais contrairement au Ginkgo biloba, les quelques études sérieuses sur les effets du Bacopa sur les capacités mentales des personnes âgées ont montré des résultats contradictoires (exemple). Mais ce qui nous intéresse dans cet article, ce ne sont pas les personnes âgées mais les étudiants, autrement dit de jeunes adultes en bonne santé. Justement, en 2001, une étude a été menée sur des adultes en bonne santé, auxquels on a donné au moins 300mg de Bacopa (soit deux fois la quantité trouvée dans une gélule de Memoboost ®), pendant 3 mois : il n’y a eu aucune amélioration, ni de la mémoire à court terme, ni de la mémoire à long terme, de l’attention, ou même de l’état psychologique (l’anxiété par exemple). La seule amélioration notée est la capacité à retenir des paires de mots pendant quelques minutes. (lisez l’étude)
Pour finir, comme le Memoboost ® associe les 2 extraits de plante, j’ai trouvé intéressant de parler d’une autre étude, indépendante, datant de 2004 : elle a consisté à regarder les effets d’une prise quotidienne de 300mg de Bacopa monnieri associée à 120mg de Gingko biloba (soit un peu plus que ce que l’on trouve dans deux gélules de Memoboost®) chez des adultes en bonne santé, pendant plusieurs semaines. Les résultats n’ont montré aucune efficacité, ni sur la mémoire, ni sur les capacités cognitives, ni sur l’attention, ni sur les tâches exécutives, ni sur la capacité à résoudre des problèmes etc… . (lisez l’étude)
Mais alors, pourquoi utilise-t-on le Bacopa et le Ginkgo biloba ? Ce sont des plantes intéressantes pour leurs propriétés anti-oxydantes et surtout cardiovasculaires (par exemple pour les maux de têtes et acouphènes dûs à un problème vasculaire), propriétés souvent utilisées dans les médecines traditionnelles asiatiques. Néanmoins, elles n’ont a priori aucun intérêt pour améliorer la mémoire ou les capacités mentales (sauf si vous avez besoin de retenir des listes de mots pendant quelques minutes 🙂 ).
Pourtant, Arkopharma n’hésite pas à promettre monts et merveilles, et surtout réussite d’examen, aux étudiants en panique pendant leurs révisions, qui hélas ne prennent pas toujours l’initiative de lire les études sur les composants du médicament (ce qui n’est pas mon cas). A raison de 4 gélules par jour en période d’examen, vous devrez débourser 6,90€ par semaine pour ce placebo impur (2 gélules par jour pendant 3 mois pour les séniors, soit plus de 40€ au total).
Sachant que la poudre de Bacopa et de Ginkgo biloba se négocie dans les pays asiatiques à 20€/kg en moyenne, il y en coutera 0,12€ pour 30 gélules de 200mg de Bacopa et Gingko biloba, soit 1 boite de Memoboost vendue 6,90€. Certes, il faut ajouter à cela le cout de fabrication et les autres composants (vitamines, oligo-éléments, oméga-3), néanmoins, cela vous permet de vous faire une idée des marges réalisées par Arkopharma.
Conclusion
On peut donc dire objectivement que les compléments alimentaires, même ceux à base de Bacopa et de Ginkgo biloba, n’ont pas plus d’effets sur les performances cérébrales que n’en avaient les élixirs et autres poudres de perlimpinpin au début du siècle.
Ce sont des placebos impurs : ce n’est pas une expression péjorative de ma part, mais un terme utilisé couramment en pharmacologie pour désigner un médicament actif, mais inefficace sur la pathologie pour laquelle on l’a prescrit ; par exemple, prescrire un médicament améliorant la circulation sanguine pour améliorer les performances intellectuelles.
Néanmoins, leur effet placébo est bel est bien réel, et s’appuie sur trois éléments fondamentaux :
La publicité et le marketing persuasifs faits par le laboratoire et les vendeurs, ne serait-ce que sur la boite et la notice (rappelez-vous la notice du Memoboost Etudiant ®) : cette publicité met souvent l’accent sur les concepts aujourd’hui en vogue, comme le traitement par les plantes, la médecine traditionnelle asiatique etc…. mais aussi sur des aspects soi-disant scientifiques
La réputation et la popularité du médicament, qui fait office de marketing viral (autrement dit ce sont les consommateurs qui se font passer le message) : si vous allez sur les forums d’étudiant, la plupart sont emballés par les compléments alimentaires comme le Memoboost ® et le recommandent aux autres
L’absence de médiatisationsur des études qui le démolissent. Les études indépendantes et sérieuses sont publiées et reconnues par la communauté scientifique, néanmoins rares sont ceux qui vérifient la liste des composants des médicaments et lisent les études sur leur efficacité (j’ai bien dit de lire les ETUDES SUR LES COMPOSANTS et pas les articles de presse sur le produit ou sur les composants, qui bien souvent tordent les résultats faute de les comprendre)
Notez enfin que plus un placebo est cher, plus l’effet placebo est important (lisez l’étude).
Encore une fois, ces laboratoires utilisent les techniques des charlatans des XVIIIe et XIXe siècles.
Dans cet article, ma principale cible est le Memoboost ®, mais sachez que beaucoup d’autres compléments alimentaires prétendent améliorer vos capacités intellectuelles. La très grande majorité d’entre eux (pour ne pas dire la totalité) n’ont pas plus d’efficacité que le Memoboost®. Dans tous les cas, lisez bien ce que contiennent les pilules, et surtout lisez bien la notice. Sachez par exemple que tout ce qui contient du Ginkgo biloba est formellement déconseillé aux personnes sous anticoagulants, aux femmes enceintes, etc.
Tout cela ne serait rien de plus qu’une escroquerie, si ces compléments alimentaires ne poussaient pas les étudiants à la polyconsommation et donc en amenait certains vers la dépendance psychique, simplement en leur mettant le pied à l’étrier. Non seulement des étudiants pensent avoir besoin de leurs compléments alimentaires, mais en plus ils augmentent les doses, prolongent les cures, et vont petit à petit se tourner vers des molécules dont les effets stimulants sont cette fois ci bien réels, à commencer par les comprimés antiasthéniques (anti-fatigue), puis les smart-drugs, plus efficaces sur les performances cognitives. Ces molécules feront l’objet de mon prochain article.
J’ai fait un bac S-SVT option mathématiques au lycée. Élève moyen mais ayant bossé tranquillement, et surtout dans la continuité, je m’en suis sorti avec une mention bien et des 18 en maths et physique. Tant mieux, car j’ai choisi de faire une classe préparatoire.
Une prépa PCSI, car ces sciences dures me plaisaient, et j’avais un assez bon souvenir des Sciences de l’Ingénieur que je faisais en seconde en module optionnel.
Année difficile, professeurs qui m’ont humiliés devant la classe entière, j’ai néanmoins validé « officiellement » ma première année. Officiellement car mon niveau en maths était trop faible: le directeur des prépa m’a clairement indiqué que j’allais me faire bouffer en deuxième année, et qu’il autoriserait la validation seulement si je changeais de classe prépa, ce qui était hors de question. J’ai donc choisi de valider mon année mais de quitter la prépa pour entrer dans le monde sombre de la faculté.
J’entre donc en licence 2 Sciences de l’ingénieur, option ingénierie mécanique, à la faculté d’Aix-Marseille. Ma licence 2 est cool, je découvre un nouveau monde, de nouvelles habitudes de travail. Comme j’ai été très bien manipulé par mes professeurs de classe prépa, je me soumets à l’exercice des admissions sur titres pour intégrer des écoles d’ingénieurs.
En licence 2, avec un 11 de moyenne (pas terrible …), j’ai déposé mon dossier pour INSA Lyon. J’ai été admissible, je suis allé aux oraux. Et ça c’est mal passé.
Mal passé car oral mal préparé: je me suis fié au discours des professeurs pour définir ce qu’est le métier d’ingénieur, qu’est ce qui est passionnant dans ce que l’on fait. Manque de préparation de ma part aussi, méconnaissance du milieu dans lequel j’allais être baigné.
Je passe en licence 3, et je travaille mieux: le premier semestre m’a permis d’être dans le top 5 des étudiants avec une moyenne correcte (13). Je me lance donc encore une fois dans l’arène des admissions sur titres. Et le résultat est éloquent: admissible au concours des écoles Centrales, aux écoles Polytech, à SupMéca, à différents masters de très bon niveau, et surtout à l’ENS Cachan en tant que normalien (car c’est la aussi un concours).
Et quand on veut être admissible, il y’a une leçon à retenir: l’examinateur a devant lui votre CV et une lettre de motivation. Il faut montrer que vous aimez ce que vous faites, que vous êtes passionné, que vous voulez continuer dans cette voie, et que la formation que l’école ou université propose correspond à votre cursus professionnel. Ils sont la pour vous proposer une formation, mettez vous dans la peau de la personne qui sait quel veut être son avenir, et qui cherche quel école permet de le réaliser.
Alors qu’en étant en prépa, vous serez évalué presque exclusivement sur vos connaissances et votre capacité à sortir un cours, les admissions sur titres ou les concours externes permettent de se mettre en valeur, de montrer ses talents d’argumentation, d’exhiber ses expériences. Evidemment, il faut avoir quand même travaillé un minimum, mais le niveau et le travail exigé en université est moindre qu’en prépa: vous avez le temps de bosser vos partiels.
Maintenant, il faut se montrer convaincant à l’oral. Un avantage certain, c’est d’être à l’aise à l’oral ! Et être à l’aise, c’est avoir prévu la majeure partie des questions que vous aurez: pourquoi vous êtes ici, que cherchez-vous dans notre école, pourquoi avoir choisi la mécanique, … Le reste, c’est votre capacité à répondre intelligemment, à argumenter et à discuter avec l’interlocuteur.
Après tous ces oraux terminés, les résultats tombent: je suis d’abord admis à SupMéca Paris, puis Polytech, et à tous les masters auxquels j’ai postulé (dont certains en langue anglaise et de renommée internationale). Et j’ai été admis à l’ENS Cachan. En ce qui concerne l’oral de Centrale, j’ai appris 1 heure avant que j’étais admis à l’ENS. J’étais tellement content que je leur en ai parlé, et évidemment ils m’ont refoulé.
Il faut dire que je partais avec un « avantage »: je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard. Tout m’intéresse: le métier d’ingénieur, de professeur, de chercheur. A partir de là, je ne me suis pas restreint: c’est pour cela que vous avez peut être l’impression que j’ai choisi un éventail assez large et divers de formations. C’est surtout que je me cherche moi-même.
Ensuite, il faut savoir discuter, argumenter, présenter. C’est peut être difficile pour certains, mais il faut être à l’aise à l’oral. Vous arriverez plus facilement à faire passer vos émotions, vos sensations, votre envie de faire le métier que l’école vous propose. Et il faut le rappeler, l’école est la pour cela. C’est donc gagnant-gagnant.
Evidemment, tout ceci n’est que la seconde étape d’une suite: d’abord, vous avez les concours écrits et les questions de cours. Mais si vous n’êtes pas à l’aise en prépa, il ne faut pas vous empêcher de partir, pour des raisons diverses (« ahah tu va rien faire à la fac », ou « la prépa c’est l’élite »). Les écoles recrutent de plus en plus dans les facultés et IUT, et des nouveaux concours (le second concours de l’ENS) permet une admission dans ces écoles. En université, si vous avez décidé de ne rien faire, vous ne ferez rien. Mais il suffit de s’investir un peu pour avoir de bons résultats, et entrer dans une école ou un bon master.
Pour achever mon article, je dirais juste qu’il ne faut pas se laisser avoir par le discours élitiste qu’on vous offre en prépa. Non, l’élite de la nation ne se forme pas en prépa. Vous avez toutes vos chances dans toutes les occasions: il suffit de savoir se défendre. Il suffit de savoir passer par les petites portes.
J’ai écrit un article nommé « 39 astuces pour maîtriser son budget étudiant » sur le blog La Ruche (blog du réseau social Wizbii). Si cela vous intéresse, je vous conseille donc d’aller le lire sur leur blog. Mon article porte sur les différentes façons d’économiser et de gagner de l’argent en étant étudiant : gérer son budget, limiter ses dépenses en boisson et nourriture, s’occuper de son ordinateur à moindre coût ou encore trouver un job étudiant adapté à votre emploi du temps et à vos compétences !
9 juillet, huit heures cinquante-neuf, la page n’en peut plus d’être rechargée et je prie pour que les résultats tombent pile à l’heure, parce qu’à neuf heures une, je commence le travail. J’espère que mon jury n’a pas changé d’avis, qu’il a continué à penser que j’étais un bon profil pour l’école comme il me l’avait dit lors de mon entretien de motivation ; mais je doute. L’EM Lyon est de loin mon premier choix d’école ; je veux absolument réussir, surtout que je suis persuadée d’avoir lamentablement raté le concours d’Audencia.
Neuf heures et trois secondes. La page est chargée.
Gagné ! Je suis admise à l’EM Lyon, que j’intégrerai donc en septembre ! (D’ailleurs, si certains d’entre vous ont des bons plans à me proposer ou souhaiteraient suivre des cours particuliers d’anglais sur Lyon, n’hésitez surtout pas à me contacter !) Par contre, les notes et rangs ne nous sont pas communiqués – je les recevrai par la suite, dans un courrier envoyé à l’adresse de mes parents.
Audencia
Bon. Là, je ne me fais aucune illusion. J’ai été admise dans toutes les écoles que j’ai passées, mais celle-ci est impossible à atteindre. J’ai complètement raté mon oral, j’étais sortie au bord des larmes en attendant 5 maximum, ne nous voilons pas la face. Et puis bon, j’ai été acceptée à mon premier choix. Alors quand je vais voir mon résultat d’admission, le 11 juillet, c’est par simple curiosité.
ET JE SUIS PREMIÈRE. MAJOR DU CONCOURS.
Morale de l’histoire : ne vous fiez jamais à votre ressenti en entretien, et attendez sagement les résultats avant de vous dire que c’est foutu. En tout cas, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Enfin, je n’ai pour l’instant pas mes notes détaillées ; je suis très curieuse de les découvrir.
EM Lyon, suite
J’ai reçu mes notes et mon rang final par la poste, le 11 juillet. Manque de bol, je n’étais pas chez moi : j’ai donc demandé à ma chère maman de lire mes notes pour moi !
De même, si le rang était communiqué lors des résultats chez Audencia, nous n’avions pas nos notes. Elles nous ont été envoyées par mail vers 18h.
Tage-Mage (413) : 16 Dissertation : 16
Anglais : 19 Entretien : 19
Rang après oraux : 1
J’ai donc la confirmation que j’ai majoré (confirmation dont j’avais bien besoin, incapable de croire que j’avais vraiment eu 19 à l’entretien !), et me voilà enchantée de vous annoncer que j’ai gagné mon pari : être admise dans toutes les écoles dont j’ai passé le concours !
J’espère que cette série, qui s’achève aujourd’hui, pourra être utile à certains d’entre vous qui préparent les concours pour plus tard. N’hésitez surtout pas à me poser vos questions !
Je suis donc admissible à l’EPITA, une école d’info. Elle est, à ce que l’on m’en dit, plutôt réputée dans son domaine, et même si c’est une école post-bac, ça ne veut pas dire que l’on y fait de mauvaises études, après tout.
J’arrive donc en ce jeudi pluvieux dans les locaux de l’école, aux portes de Paris. J’arrive quarante minutes en avance par rapport à mon heure de convocation (sur les vingt minutes d’avance demandées), et m’assois donc à l’accueil. Le temps de recevoir les derniers encouragements par texto, on m’indique de rentrer dans la salle où aura lieu l’oral.
La salle est divisée en deux parties, la première où l’on est reçu, avec une petite collation proposée, et quelques tables aux alentours qui serviront pour les entretiens, et la seconde où ont lieux les oraux de physique et d’anglais. Mais pas le temps d’admirer les lieux : à peine la convocation rangée, on me tend déjà mon sujet de physique.
L’épreuve de Physique
Un coup d’œil rapide au sujet me rassure immédiatement : je suis face à un exercice simple, que j’aurais presque pu faire en sup. Je le torche au brouillon en dix minutes (et encore, j’ai réussi à me planter en le faisant) sur les quinze qui me sont allouées pour la préparation. Je me relis une, deux, trois fois. Pas d’erreur à l’horizon, il n’y a pas de piège. Mon examinatrice vient me chercher. Je vais pouvoir lui présenter mon exercice au tabl… Hé, pourquoi on s’installe à une table ?
La présentation de mon exercice se fait donc à une table, séparée des autres par deux cloisons en plexi, mais de toutes façons on oublie rapidement ce qui se passe autour. L’examinatrice regarde mon brouillon. Je crois bon de préciser que c’est un peu sale, et en effet je pensais que je pourrais mieux présenter tout cela au tableau. Cela n’a pas l’air de la gêner, elle valide mes démarches, me pose une question supplémentaire, sur laquelle j’ai un peu trébuché. Je l’ai cependant visiblement convaincue, car j’en suis sorti au bout de cinq minutes, l’examinatrice me confiant que « ça s’est très bien passé ».
L’oral d’Anglais
On me propose de prendre une pause entre la physique et l’anglais, vu que je suis un peu en avance. Je décline la proposition, étant donné que je ne ressens pas de fatigue particulière. On m’explique les modalités de l’épreuve : j’ai le choix entre lire un des trois articles de presse proposés pour avoir une discussion sur le sujet avec l’examinateur, ou bien choisir d’engager la conversation sur une petite liste de thèmes qu’on me remet également. Je pars m’installer, et après avoir parcouru les titres des articles, je décide de prendre la feuille de thèmes de discussion.
Quinze minutes de préparation là encore, où je brouillonne un ou deux lignes sur chaque thème. Non pas que j’en aie vraiment besoin, mais au moins j’ai un repère si jamais je perds le fil au cours de la conversation. On me demande quel est mon chanteur préféré, la dernière fois que j’ai ri, et je dois donner mon avis sur une des affirmations proposées. L’examinateur interpelle mon voisin par mon prénom, j’en déduis donc que c’est à moi de passer.
Les modalité me sont rappelées en anglais par l’examinateur, qui se présente par son prénom. Premier rire au bout de cinq secondes, le ton est donné pour cet oral qui est le meilleur oral de ma vie. Je traite tous les sujets avec humour et décontraction, je n’ai jamais été aussi à l’aise en parlant anglais. Je n’ai que très peu d’hésitations qui me sont pardonnées facilement par l’examinateur. Notez tout de même qu’à la question « Name three differences between men and women. », j’ai répondu « Men have a penis. Women have boobs. Women can be pregnant. » Voilà qui donne une assez bonne idée de l’ambiance qui régnait lors de l’entretien, où mon examinateur n’a pas hésité à apostropher ses collègues pour vérifier que oui, Mika existe bien. Les vingt minutes de discussion sont écoulées (cela m’a pourtant semblé si court !), mon examinateur me dit qu’il serait ravi de me compter parmi ses élèves et me recommande de partir à l’étranger lors de mon cursus à l’EPITA. Chose que j’avais l’intention de faire, de toutes façons.
L’entretien de motivation
Un peu plus d’attente cette fois-ci, mais à la limite je préfère. Après avoir taillé le bout de gras pendant vingt minutes, j’ai la gorge sèche, et puis je me lançais un peu dans l’inconnu, puisque c’était la première fois que je passais un entretien de motivation. Je discute avec les étudiantes chargées de l’accueil, je regarde les photos accrochées au mur, puis mon examinatrice arrive, m’invite à aller m’installer, et l’oral commence.
J’étais avec la directrice adjointe du cycle ingénieur de l’EPITA, qui m’a tout de suite mis à l’aise en me disant de rester détendu. Elle m’a posé des questions auxquelles je m’attendais plus ou moins : pourquoi l’EPITA, mes passes-temps… mais aussi d’autres plus surprenantes comme les autres écoles que je vise, par exemple. J’arrive à caser dans l’entretien les quelques petits jeux que j’ai programmé, je savais que je ferais mouche avec cet argument lors de l’entretien, je n’ai donc pas hésité à l’employer.
Le ton était très détendu, et pas du tout stressant. Nous en sommes même arrivés à parler de la série Kaamelott, de Game of Thrones (même si de ce côté, elle semblait en savoir plus que moi), du temps pourri qu’on se tape, et de cette grève de RER qui fait que peu de candidats étaient présents ce jour. Nous nous saluons ensuite, et je sors de la salle, plutôt soulagé de ce premier oral.
Épilogue
Globalement, je suis assez satisfait de moi pour ce « baptême de l’air » au pays des oraux. Je ressors soulagé, et papote avec un autre candidat (pas concurrent, on est pas dans la même filière), avec qui je ferai un bout de la route du retour. Au final, j’aurai passé une excellente après-midi, ce que je n’aurais pas soupçonné le matin-même où je redoutais tant ce premier oral ! Mais j’en ai encore bien d’autres qui m’attendent, alors il est temps de repartir réviser…
Ce document a été créé afin d’aider certains étudiants de l’enseignement supérieur à mieux appréhender l’exercice très codifié de la colle d’anglais. En effet pour moi la colle d’anglais n’est qu’un jeu de brainstorming : l’ossature globale de celle ci restant toujours la même, il faut juste l’adapter au texte présenté et au champ culturel que la problématique du texte induit.
Pour ce qui est de la méthode voilà les points essentiels d’une colle réussie.
1) Contextualisation :
Tout bon candidat doit effectuer une phrase ou deux d’introduction au thème posé par le texte.
Ainsi pour un texte sur les difficultés financières en France on pourrait contextualiser en disant :
“Nowadays, we are going through a global economic crisis. The consequences of the subprime disaster are global ; for example, in France, people are now facing grim prospects. This text highlights this, saying that...”
2) Introduction
Une fois la contextualisation du texte effectuée il convient, de le présenter de façon plus scolaire
“This text is an article taken from the English/American newspaper/website X issued in (month+year), this article deals with the problem of …/ prompts the debate upon the …”
3) Annonce de l’étude (facultative)
Une fois la présentation du texte et du thème de l’étude terminée, j’ai pour habitude de « rassurer le colleur » sur la suite des évènements en lui disant :
“– First I will sum up the text
– Then I will go through the various points that can be debated
– And I will try to broaden the scope of the analysis”
Ces phrases toutes faites n’ont qu’un seul but : montrer au colleur que l’on sait ce qu’il attend de nous et que nous sommes prêt à le faire.
4) Annonce du résumé :
Il est maintenant l’heure de commencer le résumé, j’ai pris l’habitude d’annoncer les 3 axes (ou 2 mais plus rare) de mon résumé avant de le commencer pour permettre à mon colleur d’avoir une vue d’ensemble sur ma réflexion quant à la structure globale du texte. Je rappelle pour ce qui est du résumé qu’il n’est pas forcement linéaire il est en effet parfois plus intelligent d’avoir une approche thématique car certains articles même des articles de presse anglaise ont tendance a fortement se répéter.
Donc je dis souvent :
“For me the text is divided into three parts:
At first the journalist (et non pas the author) exposes the situations
Then he lists the consequences of this situation
And he concludes by giving us his very optimistic/pessimistic point of view.”
5) Résumé
Maintenant il convient de reprendre chaque points annoncé et de le détailler en 1 min pas de consignes particulières de ma part sur cette partie.
6) Transition entre Résumé et Commentaire :
Une fois le résumé achevé, on évitera une phrase maladroite du type :
“It’s done with my summary let’s go to my commentary” (Ca fait très brouillon)
Et à ce style de phrase on préférera un :
“A sentence in this text caught my attention, I want to react about it and it will be the root of my reflexion for my commentary »
Je rappelle et c’est ESSENTIEL qu’il faut toujours que le colleur sache où l’élève en est dans sa reflexion/colle et il faut donc ne surtout pas négliger ses temps informels de transition car ça guide le colleur dans sa prise de note et dans sa notation : Un colleur chouchouté = Un colleur heureux = Un colleur qui met 18 ou +.
7) Annonce du Commentaire
Assez scolaire encore :
“My commentary is divided into three parts :
First I will speak about the situation of the French economy
Then I will lists the solution in order to counteract this situation
And then I will draw a parallel between the French social policy and the American one.”
8) Commentaire :
Ici rien de nouveau, détaillez chaque points en 2/3 minutes. Faites très attention à utiliser le maximum d’exemples. Et surtout le maximum d’exemples que vous maitrisez, tout le monde possède de la culture sur des points qui lui sont propres n’hésitez surtout pas à utiliser des exemples exotiques, cela vous vaudra peut être une question mais au moins vous éveillerez la curiosité du colleur, et vous ne resterez pas dans un discours nourri de banalités/stéréotypes.
Attention tout de même à la religion, à la politique, aux drogues… Ces sujets sont parfois sensibles : il convient de ne pas avoir une opinion trop extrême, sous peine de perdre des points si l’on choque le jury.
9) Conclusion
“To conclude / As a conclusion, I can say blablabla …”
Là aussi, ne vous auto-censurez pas, n’hésitez pas à utiliser un exemple EXOTIQUE.
Banalités = note moyenne
Personnalisation des exemples + attirer la curiosité du colleur = note pouvant atteindre des sommets.
10) A ne pas oublier : Thank you very much for listening !
PS : Ma méthode n’est pas forcement celle que vous utiliserez si vous avez l’habitude de faire autrement certaines choses, mais elle a le mérite d’être exhaustive et de fonctionner. Donc n’hésitez surtout pas à l’adopter, surtout si vous êtes Taupins, candidats EDHEC AST1, Passerelle 1 et 2.
N’hésitez pas à me contacter via la section commentaires ci-dessous si vous avez des questions, et à partager cet article avec vos camarades qui préparent aussi les concours !